L'élection du 4 septembre dernier en a laissé plus d'un perplexe quant à ce que nous réserve ce gouvernement minoritaire.

A-t-il compris le message que lui ont livré les Québécois? Comment entend-il composer avec l'évidente polarisation des opinions tout en gouvernant et en sortant le Québec de la léthargie et du laisser-faire dans lesquels s'étaient enlisés les libéraux? Comment naviguer avec une opposition qui, par delà les déclarations de bonnes intentions, cache mal son goût d'en découdre et de revenir rapidement aux opérations? Les Québécois avaient besoin d'être rassurés. Ils l'ont été, je crois, par le discours inaugural livré la semaine dernière.

Le gouvernement a démontré qu'il est en phase avec la population en faisant de la lutte à la corruption sa principale priorité. Devant l'énorme défi de ramener une culture d'intégrité, il est rassurant de l'entendre proposer d'aller plus loin que de simplement colmater les brèches de la loi 35 adoptée sous les libéraux et de ratisser beaucoup plus large.

L'État octroie chaque année quelque 25 milliards en contrats publics de tout ordre. Aucun secteur ne doit être négligé. Toutes les entreprises qui transigent directement avec l'État ou encore qui agissent à titre de sous-traitants doivent être soumises aux plus hauts standards. Je fais le pari qu'une majorité de Québécois est prête à soutenir un gouvernement exigeant en matière de justice et de solidarité, à la condition qu'il soit intraitable sur l'intégrité.

De la même façon, il faut saluer la volonté du gouvernement de renouer avec l'héritage démocratique d'un René Lévesque en s'attaquant à la question du financement des partis politiques et en proposant de limiter à 100$ les contributions des particuliers. J'invite cependant le gouvernement à s'ouvrir aux propositions de l'opposition visant à plafonner les dépenses électorales. L'exemple américain devrait nous convaincre d'éviter la démesure. La nécessité de pallier le manque à gagner en majorant le financement public invite aussi à plus de rigueur et de frugalité.

Il était surréaliste de voir Jean-Marc Fournier déchirer sa chemise devant la prétendue minceur du programme économique du PQ. À cet égard, le gouvernement Marois fait preuve d'une indéfectible volonté d'agir pour stimuler l'emploi et l'investissement privé tout en travaillant à doter le Québec d'une économie d'avant-garde faisant une large place aux énergies vertes, à l'électrification des transports publics, à la transformation de nos ressources naturelles, à la formation professionnelle, à la lutte au décrochage et à l'analphabétisme. S'il y a un reproche que l'on puisse lui adresser, ce n'est pas de ne pas en faire assez, mais bien d'avoir un programme trop ambitieux compte tenu de l'espérance de vie d'un gouvernement minoritaire!

Enfin, le gouvernement recule sur certains éléments plus controversés de son programme identitaire. Ce geste était essentiel dans le contexte actuel pour favoriser la coopération des partis d'opposition. La balle est maintenant dans leur camp, notamment sur la question de la langue, où les reculs observés dans la grande région métropolitaine appellent à plus d'interventions et ouvrent sur un vaste choix de moyens. Voyons jusqu'où ira la volonté de défendre le français et de s'élever au-dessus du seul intérêt partisan.

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