Le président Hollande est en guerre contre les tenants de cette idéologie radicale et meurtrière, mais comme tous les chefs d'État occidentaux, il ne nomme jamais ceux qui la pensent, la diffusent, la financent et se réjouissent en silence quand une abomination comme ces événements de Paris frappe la planète.

Je crois sincèrement qu'il est temps d'oser aussi pointer un doigt accusateur dans la bonne direction si on veut être cohérent et efficace contre cette idéologie qui a beaucoup essaimé ces dernières années. L'essaimage, c'est un phénomène dans la biologie des abeilles que les apiculteurs craignent parce qu'il leur fait perdre des bestioles. C'est une division spontanée de la ruche principale en deux groupes, dont une partie prend le large pour aller s'installer plus loin.

Aujourd'hui, en plus de l'Irak et de la Syrie, les départements d'outre-mer du groupe État islamique (EI) et de ses concurrents font aussi des victimes au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Nigeria, au Cameroun, au Tchad, au Mali, au Niger, en Somalie, au Kenya, et j'en passe. Si je parle d'essaimage dans mon texte, c'est que le comportement des pays occidentaux devant l'idéologie djihadiste me fait parfois penser au lien que les gens de mon village entretenaient avec des abeilles agressives qui s'y installaient parfois. Je vais vous raconter cette petite histoire pour vous permettre de mieux visualiser mon point de vue.

Si la grande majorité des espèces d'abeilles sont de paisibles butineuses, mon village d'enfance était sur la route migratoire de ces rares spécimens sauvages particulièrement agressifs. Chaque année, il fallait prier pour qu'elles ne posent pas leurs pénates sur un arbre au milieu des habitations, ce qui se produisait quand même souvent. Comme toutes les abeilles sociales, une fois installées, des ouvrières partaient en expéditions de reconnaissance pour trouver des sources de nourriture, et il arrivait qu'un villageois malchanceux soit la proie des téméraires exploratrices parce qu'il avait une mangue juteuse dans la main.

On se précipitait alors pour massacrer impitoyablement le ou les kamikazes coupables. J'ai bien dit les kamikazes, car chez les abeilles, après l'attaque, le dard du soldat s'arrache avec sa poche à venin, le condamnant alors à une mort certaine.

Mais ces ripostes spontanées étaient des solutions à court terme qui, très souvent, se transformaient en un plus gros problème. En effet, après avoir piqué ou s'être fait agresser, les abeilles libèrent des phéromones d'alarme et des phéromones d'attaque qui sont des messagers moléculaires qui peuvent doper l'agressivité des autres combattants et parfois de la ruche au complet. Alors, quand on sentait la présence de ces imprévisibles agressifs dans le village, tout le monde était sur les nerfs. Mais, entre le goût de leur miel et notre peur viscérale de leurs aiguillons, on avait bien de la difficulté à choisir.

De la même façon, il est permis de se demander ce que veulent vraiment les nations occidentales. Veulent-elles s'attaquer seulement aux soldats errants, ou commencer à s'intéresser à leurs ruches d'origine que sont ces riches nations qui les cautionnent idéologiquement et les commanditent financièrement ? Ces juteuses ruches que la France et certains de ces alliés arment et protègent au nom de vieilles alliances géopolitiques et devant lesquelles ils vont jusqu'à s'agenouiller et fermer les yeux, vaincus par leur insatiable dépendance au miel ?

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