Il y a quelques jours, je me suis retrouvé dans un embouteillage monstre avec ma famille. Nous avons pris plus de deux heures pour parcourir une maigre portion de la rue Papineau comprise entre Saint-Joseph et le pont Jacques-Cartier. Comme c'est souvent le cas, en dépassant la zone satanique entourée de cônes orange, pas une seule âme ne s'activait sur le site des travaux. Bienvenue à Montréal! La ville où cinq minutes d'infractions suffisent pour recevoir un ticket de stationnement, alors que les bancs de neige et les nids-de-poule semblent défier le temps.

M, Coderre, M. Bergeron, M. Côté et Mme Joly, connaissez-vous la différence entre une peine de prison et les embouteillages de Montréal? Si vous pensez que c'est du pareil au même, vous avez tort. Au moins, quand on est en prison, on connaît le moment de notre libération.

Or, avec toutes ses artères bouchées et sa circulation impossible, je soupçonne sérieusement Montréal de souffrir de cholestérol. Le pire est que ses caillots circulatoires sont si imposants que je doute que les pontages prévus dans les prochaines années puissent le prémunir contre un ACV: un accroissement de la congestion voiturière.

Non seulement Montréal a des problèmes circulatoires, messieurs dame les candidats, mais elle gruge aussi la santé de ses habitants.

Tous les médecins vous diront qu'un corps humain est rarement en équilibre lorsqu'il est continuellement irrigué par les hormones que sont l'adrénaline et les glucocorticoïdes. Quand ces systèmes moléculaires de défense contre le stress ont été inventés par la nature, ils avaient comme rôle de préparer les organismes à deux possibilités de réponses: combattre ce qui menace notre existence ou fuir très loin du danger (les Anglais parlent de fight-or-flight).

Malheureusement, en choisissant la fuite, les banlieusards comme moi sont tombés dans le piège. Ils passent leur nuit à rêver à la traversée matinale des ponts, et leur après-midi aux bouchons qui les empêcheront de quitter l'île pour aller chercher leurs enfants à temps. C'est ce stress émotionnel, causé par cette continuelle peur que ses enfants soient les derniers à quitter la garderie ou le service de garde, qui use le corps à long terme.

Quand le coeur d'une nation est malade, chers prétendants à la mairie, prendre les grands moyens devient urgent si on ne veut pas que l'absence d'oxygène et de nutriments n'asphyxie les régions périphériques.

Montréal n'a plus de pacemaker et il lui faut un défibrillateur pour lui donner un choc. Il lui faut un stimulateur pour l'aider à retrouver sa cadence. Il lui faut un médecin qui a de la veine pour dégraisser l'administration, diminuer le sel dans les factures, déboucher les flux circulatoires et abaisser la pression des automobilistes hypertendus et au bord de la plaque.

Montréal a besoin d'un visionnaire qui a des projets autres que cette simple promesse de propreté administrative qui semble omniprésente dans les arguments avancés pour convaincre les électeurs.

Le système circulatoire de Montréal est malade et si je devais lui choisir un maire, je prendrais un docteur pour l'aider à retrouver son homéostasie et sa place dans le concert des grandes métropoles de la planète, parce que j'aime cette ville.

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