Les dictionnaires ne servent pas qu'à surélever votre écran d'ordinateur. Ils permettent aussi de s'insulter avec plus de raffinement. Comme dans la phrase : «Monsieur fait le babache».

Babache. n et adj. régional (Nord) fam. : Imbécile. Quelle babache celle-là.

C'est l'un des nombreux nouveaux mots qui ont fait leur entrée dans les dictionnaires en 2017. Parmi la cohorte des nouveaux intronisés du Petit Robert ou du Larousse, on retrouve aussi burkini, déradicalisation, bisounours, ubérisation, hors-sol et kale - notre traduction libre de kale : vous allez le mastiquer longtemps.

Féminisme

Le dictionnaire américain Merriam-Webster en a fait son mot de l'année, avec raison.

En 2014, le mot-clic #AgressionNonDénoncée déferlait sur les réseaux sociaux du Québec. Le mouvement s'est toutefois essoufflé. L'automne dernier, la tempête a été relancée par les dénonciations des agressions sexuelles commises par le producteur américain Harvey Weinstein. Et à la différence de 2014, le mouvement ne faiblit pas. Le ras-le-bol contre ces violences a enfin été atteint, ici comme ailleurs.

Le mouvement démontre que malgré l'égalité des droits, le combat pour l'égalité des sexes n'est pas terminé. Des barrières demeurent, ne serait-ce que pour faire appliquer le droit. Les chiffres le prouvent : seule une minorité des victimes de crime sexuel se plaint à la police, et une minorité de ces dossiers se rend en cour. En ce sens, saluons les recommandations du Barreau du Québec pour mieux encadrer le traitement des plaintes pour agression sexuelle.

Youthquake

Après avoir choisi «post-vérité» comme mot de 2016, le dictionnaire britannique Oxford vient d'arrêter son choix sur un terme plus obscur, «youthquake».

Sa définition : un changement culturel, politique ou social significatif qui provient des actions ou de l'influence des jeunes. Il renvoie à l'impact de la nouvelle génération de politiciens et d'électeurs, en France, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni. En juin dernier, grâce à l'appui massif des jeunes, le Parti travailliste a gagné 30 sièges à Westminster. Mais il demeure tout de même deuxième, derrière le Parti conservateur.

Au Canada, en 2015, la participation des jeunes (18-24 ans) avait aussi grimpé, en passant de 38,8% à 57,1%. Reste à voir si un effet se mesurera aussi lors de la prochaine campagne provinciale, en octobre prochain. En 2014, 55,69% des jeunes âgés de 18 à  24 ans avaient voté - soit moins qu'en 2012, et moins que dans les années 80 et 90.

Grilled-cheese

En 2017, il est devenu un peu moins gênant de commander un «grilled-cheese». Le terme anglais désigne un sandwich au fromage fondu - on le sait, on ne vous l'apprend pas. Mais peut-être ignoriez-vous que l'Office québécois de la langue française (OQLF) tolère désormais cette expression. L'OQLF a publié l'automne dernier sa troisième politique sur les emprunts, qui ne «condamne plus systématiquement» les anglicismes. On n'y dit toutefois rien sur le «bonjour-hi»...

Comme d'habitude, les nouvelles données sur le français au Québec étaient assez nuancées pour pouvoir être récupérées autant par les inquiets que les optimistes.

Mais au-delà des anglicismes, du bilinguisme, des ratés en francisation et des nécessaires lois, il y a un facteur important dont on a peu parlé : célèbre-t-on assez nos auteurs et notre langue pour la rendre contagieuse?

LES GRANDS DISPARUS

Foetus

Réchauffement climatique 

Basé sur la science

Voilà quelques-uns des mots et expressions que le président des États-Unis a essayé d'effacer en 2017. Selon le Washington Post, l'administration Trump a censuré le Centre américain de contrôle et de prévention des maladies. On a demandé à ces scientifiques de ne plus utiliser des expressions comme... «basé sur la science» ou «basé sur les faits». Washington préférait que l'organisme parle plutôt de recommandations «basées sur la science en considérant les souhaits et les normes de la communauté». Il est bien reconnu que la gravité est influencée par nos opinions, et que le chocolat guérit le cancer à condition d'y croire...

L'attaque contre la science et la vérité de la Maison-Blanche n'a pas épargné l'Agence de protection environnementale. L'onglet sur les changements climatiques n'apparaît plus sur la page d'accueil du ministère. Le terme a disparu, en même temps que commence à s'éroder la crédibilité du pays.

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