Le président français a qualifié l'accord de Paris de « révolution », mais c'est plus un souhait qu'un constat. Car l'entente sur le climat ne marque pas le fil d'arrivée. C'est plutôt le signal de départ.

L'accord réunit tous les pays sur la même ligne et les engage à avancer ensemble. Le progrès est à la fois modeste et immense. Modeste, car on en reste aux intentions. Immense, car on annonce la fin de l'ère des combustibles fossiles. Les émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) devront être éliminées d'ici 2100.

Paris marque une rupture avec les ententes précédentes. Il s'agissait de la 21e rencontre onusienne sur les changements climatiques. Cette fois, les négociateurs ont appris des échecs de Kyoto (1997) et de Copenhague (2009).

Le protocole de Kyoto ne concernait que les pays riches, car on jugeait que les pays en voie de développement étaient plus victimes que responsables du réchauffement. Or, le monde a changé. La Chine et l'Inde sont devenues respectivement premier et troisième émetteur mondial de GES. Elles font partie des 196 pays qui ont accepté l'accord samedi dernier.

La deuxième leçon, c'est le pragmatisme. Dans les précédentes rencontres, on établissait d'abord une limite globale au réchauffement, puis on attribuait ensuite des cibles à chaque pays. L'approche semblait rigoureuse et juste, mais elle a déclenché un réflexe défensif. Les pays se battaient pour ne pas en faire plus que leurs voisins, si bien que de nombreux États sont restés sur les blocs de départ. Cette fois, chacun a choisi ses propres cibles.

Il en résulte un déblocage, mais on avance encore trop lentement.

Les cibles actuelles mèneraient à un réchauffement de près de 3 oC d'ici la fin du siècle. Et rien ne garantit que ces cibles seront atteintes...

Cette faiblesse est toutefois atténuée par la dernière leçon apprise : négocier à plus long terme. Le protocole de Kyoto était déjà terminé en 2012. L'accord de Paris servira quant à lui de guide jusqu'à la fin du siècle. Il pourra être ajusté, par exemple pour hausser l'aide aux pays pauvres. Et il sera renforcé, grâce à un mécanisme de révision des cibles tous les cinq ans. Ce sera nécessaire, surtout avec le nouveau seuil reconnu à Paris.

Les brouillons de l'accord rappelaient que pour demeurer gérable, la hausse ne doit pas dépasser 2 oC. On a ajouté dans le texte final que pour sauver des zones plus à risques, il faudrait viser 1,5 oC.

Cela nécessitera bel et bien une révolution verte, comme le dit le président Hollande. Pour y arriver, il faudra miser davantage sur la tarification du carbone. Sans cela, la pollution n'est pas pénalisée. En d'autres mots, elle reste encouragée.

Le travail difficile commence maintenant.

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