La campagne électorale est une bonne période pour l'optimisme, comme le démontre le cadre financier du NPD. Il semble particulièrement inspiré par la force de la pensée positive.

Les néo-démocrates enjolivent en effet le contexte économique, même s'ils ne le contrôlent pas.

En avril dernier, le budget conservateur prévoyait une croissance du PIB de 2 % cette année et de 2,3 % l'année prochaine. Or, ces chiffres ont été revus à la baisse en juillet par la Banque du Canada, puis par l'OCDE cette semaine.

Les conservateurs n'ont toutefois pas ajusté leurs calculs. Les néo-démocrates, eux, font encore pire. Même si leur cadre financier a été élaboré après ces mises à jour, ils ont ignoré ces dernières. Tout comme ils omettent de tenir compte de la nouvelle baisse du prix du pétrole.

Et les libéraux ? On l'ignore. Contrairement à leurs rivaux, ils n'ont pas eu la transparence de publier leur cadre financier avant le débat du Globe and Mail de jeudi dernier, ce qui aurait permis de débattre à armes égales. Surtout que c'était le seul débat qui portait exclusivement sur l'économie...

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Depuis une semaine, les conservateurs mettent sans cesse les électeurs en garde contre l'incertitude économique. Le ralentissement chinois, la crise européenne et la crise pétrolière inquiètent M. Harper avec raison. Or, il n'a pas agi en redoublant de prudence. Au contraire, son dernier budget a réduit la marge de manoeuvre, de trois à un milliard. M. Mulcair, quant à lui, l'effacerait complètement pour payer ses promesses.

Selon les calculs de l'économiste Jean-Pierre Aubry, le cadre financier néo-démocrate surestime ainsi les revenus de l'État d'environ trois milliards. Un petit déficit serait ainsi enregistré.

Bien sûr, cela resterait insignifiant par rapport à la taille de notre PIB. Il s'agit donc d'un problème politique, et non économique. Car un gouvernement néo-démocrate devrait choisir entre deux possibilités : faire un petit déficit ou reporter des promesses pour boucler son budget avec un zéro éclatant. Malheureusement, on ne comprend pas ce que M. Mulcair privilégierait.

Les cadres financiers des partis pèchent souvent par témérité en prétendant prédire l'avenir, peinturé d'un rose commode. Le passé donne pourtant des leçons de modestie. 

Durant la campagne électorale de 2006, aucun parti n'avait prévu la crise financière. Et durant la campagne de 2011, aucun n'avait prédit la chute du prix du pétrole.

Cela ne rend pas les cadres financiers inutiles. Au-delà des chiffres, ils permettent de décoder les intentions des partis, de savoir en fonction de quels principes ils réagiront aux prochaines tempêtes. Mais c'est plus facile à prédire quand tout n'est pas priorisé en même temps.

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