Avec peu de données et encore moins d'arguments, Denis Coderre a attaqué la nouvelle étude sur le prolongement de la ligne bleue du métro. Sa charge confuse prouve en quoi il serait risqué de lui céder le contrôle des transports collectifs de la métropole.

En 2013, après quatre années de pré-études, Québec choisissait de prolonger vers l'est la ligne bleue du métro. Puis, l'hiver dernier, surprise, le ministre des Transports Robert Poëti penchait pour un lien en surface, moins dispendieux. Mais serait-il nettement moins achalandé ? Pour l'évaluer, le ministre a demandé que l'on compare le métro à trois options en surface (tram-train, tramway et service rapide par bus). La conclusion : le métro serait deux fois plus utilisé et trois fois plus rapide. M. Poëti a donc redonné le feu vert au projet.

Le maire fulmine. L'étude ne comparait pas les coûts, dénonce-t-il. Or, un tel examen, beaucoup plus complexe, aurait retardé le projet, qui chemine depuis six ans et a déjà coûté près de 60 millions...

Sur le principe, M. Coderre n'a pas tort. Comme le budget est limité, il faut prioriser les secteurs mal desservis et choisir le meilleur ratio passager déplacé par dollar.

Mais il est étrange que la principale personne à juger le métro trop onéreux soit le maire qui en profitera, et non Québec qui le financera.

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La Caisse de dépôt héritera dans les prochaines semaines des projets de transports collectifs sur le pont Champlain et dans l'Ouest. M. Coderre aimerait que l'institution trouve aussi une solution de rechange au prolongement de la ligne bleue.

Il ne donne pas de détails. Un seul projet semble toutefois envisageable : investir dans un réseau de tramway. Un premier segment pourrait partir de la fin de la ligne bleue du métro, pour s'étendre vers l'Est. Pour ne pas bêtement brocher quelques stations de tramway au métro, ce segment devrait en croiser un autre, qui relierait Laval à la ligne verte, en passant par Pie-IX. On créerait ainsi un réseau. Au lieu de bêtement brocher quelques stations de tramway au métro, on créerait ainsi un réseau.

Mais cette idée se bute à un obstacle majeur. Il existe déjà un projet de service rapide par bus sur Pie-IX, et M. Coderre en dénonce les délais ! Pas question d'attendre jusqu'à 2020, tonnait-il l'été dernier. Maintenant qu'un premier appel d'offres est sur le point d'être lancé, on voudrait revenir au tramway ? Et ce, même si cette option a été écartée au terme d'une étude, car elle coûtait plus par passager ?

Le ministre Poëti déposera bientôt une loi pour créer une Agence régionale des transports, qui planifiera le développement du réseau dans la métropole. Québec souhaite que la majorité des administrateurs soient des experts indépendants, comme c'est le cas à Toronto et Vancouver, afin d'éviter la politisation et l'arbitraire. M. Coderre se bat pour la contrôler. Il voudrait que les élus municipaux y détiennent la moitié des sièges, en plus de nommer le président. Malheureusement pour lui, il vient de démontrer à quoi cela pourrait mener.

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