La nouvelle batterie Tesla marquera « une transformation fondamentale » de notre monde, s'emballait jeudi dernier le patron de l'entreprise, Elon Musk. Même s'il s'agit d'un saut dans la bonne direction, il est encore un peu tôt pour annoncer la révolution verte.

La batterie s'offre en trois modèles : 7 kWh et 10 kWh pour les maisons, et 100 kWh pour les industries. Elle sert à stocker l'énergie, par exemple celle produite par un panneau solaire durant la journée pour la consommer la nuit. On pourrait ainsi moins utiliser le réseau d'électricité, parfois alimenté par des énergies fossiles. Et peut-être, un jour, s'en libérer.

Ce jour n'est toutefois pas encore arrivé, car le coût du système reste encore beaucoup trop élevé pour être adopté en masse. Et même si cet obstacle était surmonté, cela ne suffirait pas pour freiner le réchauffement climatique, démontre le rapport de l'Agence internationale de l'énergie déposé lundi.

Les cibles actuelles des pays ne permettront pas de limiter à deux degrés Celsius la hausse moyenne de la température. Les grands pollueurs devront faire plus, tout comme le secteur des énergies fossiles et des transports. L'Agence le résume bien : un « changement radical » sera nécessaire.

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Le petit modèle de la batterie coûtera 3000 $. La facture double quand on inclut le convertisseur et l'installation. À cela s'ajoute le prix de l'énergie (panneau solaire, éolienne, etc.) avec laquelle on charge la batterie. Les coûts du modèle Tesla dépassent donc largement ceux d'un simple abonné des réseaux d'électricité du Canada et des États-Unis.

Tesla prévoit réduire ses coûts de 30 % dans les prochaines années. Elle profitera des synergies avec sa compagnie soeur, qui produit des panneaux solaires, et du volume de production de son usine de cinq milliards construite au Nevada.

Les ménages québécois n'y verront pas d'intérêt, car notre hydroélectricité est propre et peu dispendieuse. Mais à grande échelle, Hydro-Québec pourrait profiter du stockage d'énergie. La société d'État a fondé une coentreprise avec Sony pour développer une batterie. Cela permettrait de ne plus devoir produire en fonction d'un pic de consommation, et aussi d'intégrer l'énergie éolienne au réseau, même si elle n'est pas consommée lors de sa production.

De telles percées seront aussi nécessaires pour améliorer l'efficacité énergétique, le captage du carbone ou les véhicules électriques. Or, les moyens manquent. Les subventions aux énergies vertes ont diminué de 2011 à 2013. Elles sont maintenant quatre fois inférieures à celles accordées aux énergies fossiles.

Certes, certains pays les subventionnent déjà énormément. Par exemple, au Québec, l'éolien est maintenu en vie artificiellement à très fort prix. Chacun doit choisir une politique adaptée à ses défis particuliers. Mais pour les énergies fossiles, le principe devrait être le même pour tous : réduire les subventions et établir un prix sur le carbone.

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