Il existe tellement de plans pour les transports collectifs du Grand Montréal qu'il faudrait un plan pour les gérer. La Société de transport de Montréal (STM) et la Société de transport de Laval (STL) ont le leur. Idem pour l'Agence métropolitaine de transport (AMT) et la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), sans oublier, parmi d'autres, ceux du Réseau de transport de Longueuil (RTL) ou de Montréal. Pendant que se poursuit le souque à la corde, les usagers doivent se démêler avec plus de 500 différents titres de transports et tarifications dans la région.

Ce bordel est aggravé par la bipolarité de Québec. Quand le gouvernement change de couleur, il change de priorité. L'est est bleu, l'ouest est rouge et le béton sous toutes ses formes est un bon produit électoral.

Pour réaliser ces commandes politiques, le processus est inversé. On part avec la conclusion - par exemple, prolonger le train de l'Est - sans vérifier si c'est le meilleur rapport coût-bénéfice pour transporter des usagers, ou la meilleure décision urbanistique. Puis on lance la machine à études de faisabilité.

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On a déjà accusé dans ces pages le ministre des Transports, Robert Poëti, d'improviser. À sa décharge, le problème est en partie structurel. Le développement des transports collectifs souffre de désorganisation et de politisation. Et, bonne nouvelle, M. Poëti promet de s'y attaquer.

Deux solutions s'offrent à lui. La première, c'est celle de son «ami Denis», le maire de Montréal. M. Coderre voudrait que la CMM, qu'il préside, avale l'AMT.

On peut espérer que jaillisse un consensus entre les 82 municipalités membres de la CMM. Mais un autre résultat semble plus probable: le blocage ou les compromis arbitraires. Par exemple, si jamais un nouveau projet de prolongement du métro est lancé, priorisera-t-on Laval ou Longueuil? Et dans quel secteur? Les discussions seront longues...

La deuxième solution est préférable. C'est de confier la planification à l'AMT, après y avoir passé la serpillère. L'Agence viole actuellement la loi, car son directeur général, Nicolas Girard, préside aussi le conseil d'administration. Les deux fonctions devraient être scindées. Et le conseil lui-même devrait être changé. La moitié des six sièges revient à des élus municipaux (alternance Laval-Longueuil, alternance couronne nord-sud et Montréal). Le nombre de membres devrait être augmenté, et la très grande majorité d'entre eux devraient être indépendants. C'est le modèle de TransLink à Vancouver.

À Toronto, les administrateurs de la société Metrolinx sont tous indépendants. Mais la métropole est aussi la capitale de la province. Le gouvernement comprend mieux les enjeux de transport. Au sommet de sa tour à Québec, le ministère des Transports paraît quant à lui parfois très loin de Montréal... Mieux vaut donc maintenir un certain lien avec les élus municipaux au sein de l'AMT. Cette AMT réformée et indépendante hériterait de la planification des transports collectifs dans le Grand Montréal. On pourra alors commencer à voir clair.

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