Le métro de Montréal célébrait hier son 48e anniversaire, et il semble presque prêt pour les soins palliatifs.

Il faut remplacer les wagons, réparer les tunnels et colmater les toits. Les travaux de réfection du métro et des autres infrastructures de transports collectifs du Grand Montréal s'élèveront à près de 10 milliards d'ici 2020.

Les sociétés de transports collectifs, comme celle de Montréal (STM), peinent à trouver l'argent pour maintenir leurs services alors qu'elles espèrent encore, avec raison, les augmenter.

Le problème est moins désespérant qu'il ne paraît. Malgré le blues de l'austérité qui se poursuit, des solutions existent. À court terme, il faudra injecter rapidement de l'argent pour maintenir les services.

Et à long terme, il faudra ajouter de nouvelles sources de financement pour développer le réseau. Pour ce, on devrait diversifier les sources de financement et alléger le capharnaüm administratif qui retarde la réalisation des projets prévus en fonction des sommes existantes.

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La solution à court terme pourrait venir du Fonds vert. Il est financé par les revenus de la taxe sur l'essence et du nouveau marché du carbone. L'argent va à des initiatives de réduction de gaz à effet de serre (GES).

Le Fonds est une bonne idée en déroute, comme l'a déjà démontré le bureau du Vérificateur général. Selon ses deux rapports dévastateurs, il est difficile d'évaluer les réductions de GES qui ont résulté des projets financés, car l'information est «éparse et incomplète».

De plus, une partie de l'argent du Fonds n'est pas dépensée. L'année dernière, près de 500 millions y sommeillaient encore, sans qu'on sache pourquoi.

Pendant ce temps, les émissions de GES du transport routier continuent d'augmenter. Elles atteignent près de 45% du bilan québécois.

Bref, on sait comment diminuer les GES et on sait où prendre l'argent rapidement. Deux morceaux du casse-tête s'imbriquent.

Le Fonds vert ne suffira pas du tout à régler l'inquiétant sous-financement des sociétés de transports collectifs, mais il permettrait de leur donner un peu d'oxygène pour les prochaines années.

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Québec devrait donc utiliser le Fonds vert pour reconduire à long terme le Programme d'amélioration des services de transport en commun, qui arrive à échéance cette année.

Il faudra toutefois en revoir les modalités. Selon le programme actuel, le fonds octroie de l'argent seulement aux municipalités qui en investissent elles-mêmes. Celles qui ne trouvent pas cet argent sont ainsi pénalisées. Cela risque de mener à un cercle vicieux. Pour l'éviter, tout l'argent devrait venir désormais du Fonds vert. Cela nécessiterait de doubler le financement du programme, de 100 à 200 millions par année.

Et pour bien dépenser cet argent, il faudrait choisir les projets en fonction de leur efficacité, mesurée en terme de passagers transportés par kilomètre parcouru. On encouragerait ainsi les sociétés qui optimisent leurs opérations.

Les transports en commun représentent une fragile histoire de succès. Leur fréquentation a augmenté de 14% au Québec depuis 2006, alors que l'objectif était de 8%. Un recul serait inexcusable, surtout avec le vent dans les voiles.

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