Le bras de fer à Hong Kong n'oppose pas seulement le régime communiste aux manifestants qui réclament plus d'autonomie politique.

En juin dernier, les géants PricewaterhouseCoopers, Deloitte, EY et KPMG dénonçaient déjà le jeune mouvement «Occupy Central avec paix et amour». L'instabilité nuirait à l'économie locale, menaçaient-ils dans des publicités locales.

Des chambres de commerce étrangères à Hong Kong, comme celle du Canada et de l'Italie, ont ensuite demandé aux manifestants de ne pas perturber l'économie.

La pression a augmenté d'un cran cette semaine. Des journalistes étrangers sur place rapportaient que de petits commerçants locaux s'impatientent. Certains ont même foncé dans la foule.

Au moment d'écrire ces lignes, Occupy Central réclamait encore en vain le départ du chef exécutif de Hong Kong, choisi par un comité fantoche de Pékin.

La désobéissance civile se poursuit. Sa légitimité ne devrait pas être contestée.

Pour être acceptable, l'action illégale doit répondre à des critères stricts: elle devrait d'abord être publique et pacifique. Elle devrait aussi défendre non pas une simple préférence politique, mais un droit fondamental clairement brimé. C'est le cas à Hong Kong. Les manifestants ne se battent pas pour un choix politique, mais pour la possibilité de choisir.

Leurs demandes sont même modérées. Ils veulent faire respecter le principe du «un pays, deux systèmes». 

Le suffrage universel est prévu dans la mini-constitution de Hong Kong, mais aucun échéancier n'est spécifié. Pékin a essayé de redéfinir cette autonomie en juin dernier avec son Livre blanc.

Selon cette proposition, le chef exécutif de Hong Kong serait choisi par suffrage universel en 2017. Mais les deux ou trois candidats seraient présélectionnés par Pékin. Bref, on offre aux Hongkongais de décider qui décidera pour eux.

Et Pékin ne fait pas que refuser des droits promis. Il en retire. Selon le Livre blanc, les juristes devront «aimer leur pays». Plusieurs avocats marchent dans la rue pour défendre leur indépendance.

La tension monte. Pékin voudra régler l'embarrassant dossier avant le Sommet Asie-Pacifique, le 10 novembre. Trois scénarios s'offrent. L'essoufflement des manifestations; le ressac, avec une répression de l'armée; et la contagion ailleurs en Chine, à commencer par Taiwan. C'est ce que souhaite ouvertement le président Obama, mais ce sera difficile. Pékin a bloqué les réseaux sociaux et le tourisme intérieur à Hong Kong. Plusieurs Chinois ignorent ainsi la lutte qui s'y joue.

Le court-termisme économique ne justifie pas de combattre les manifestants. Le Printemps arabe a montré que l'histoire des peuples n'avance pas en ligne droite. Hong Kong pourrait attirer lentement le reste de la Chine vers la démocratie. Il y a aussi une autre possibilité, malheureuse, qui respecterait davantage la loi de la gravité. Que le géant autoritaire aspire Hong Kong, et l'écrase.

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