À part les médecins et les sadiques, personne n'aime manier le bistouri. Les compressions budgétaires s'annoncent douloureuses. Pris isolément, chaque programme peut paraître utile. Et chacun trouvera ses défenseurs. Les libéraux, péquistes et caquistes s'entendent toutefois sur l'importance d'équilibrer le prochain budget. Voici quatre critères pour guider la réflexion.

L'honnêteté et le gras

Depuis 10 ans, un poste sur deux de la fonction publique n'est pas comblé après un départ à la retraite. Cet effort a été annulé par la croissance des postes en marge de la fonction publique, comme dans les garderies. À son arrivée au pouvoir, le gouvernement Couillard a toutefois décrété un gel d'embauche dans l'ensemble du secteur public.

Il y a probablement encore des gains à faire avec la productivité ou les échelons salariaux. Mais le gouvernement Couillard ne pourra atteindre ses cibles sans toucher au panier de services ou à l'aide aux entreprises. Il faut le dire honnêtement.

L'égalité des chances

Au-delà de l'équilibrisme comptable, il faudra réfléchir au rôle de l'État. Québec a ouvert la trappe au populisme en créant une « boîte à idées », où des citoyens ont notamment suggéré de sabrer dans l'aide sociale.

L'État doit maintenir un filet social pour les démunis et des services essentiels pour tous, comme une éducation de qualité. C'est nécessaire pour protéger l'égalité des chances qui permet la réelle liberté, celle de choisir.

Les autres programmes doivent être hiérarchisés selon leur pertinence. À placer loin dans la liste : le cas de la fécondation in vitro, qui ne règle pas un problème de santé publique.

Les limites du « chacun sa part »

Le « chacun sa part » constitue un slogan politique vendeur, mais il devient vide de sens si on oublie le passé.

Depuis 2006, l'économie québécoise croît moins vite annuellement (3,3 %) que les dépenses (4,5 %). C'est la faute de la crise financière, du choc démographique et de la santé. Cette dernière accapare maintenant la moitié des dépenses de Québec. Ce rythme est insoutenable. Il faut s'attaquer à la source du problème.

L'économiste Pierre Fortin a relevé que dans la majorité des autres ministères, la hausse des dépenses a été inférieure à celle du PIB depuis 2006. Par exemple, le petit ministère des Relations internationales a déjà réduit ses dépenses de 20 % depuis deux ans.

L'autre poste de dépenses qui a grandi plus vite que l'économie, c'est l'éducation (hausse de 31 % depuis 2006). Cet investissement névralgique devrait toutefois constituer la priorité de Québec.

Protéger la croissance

Il ne faut pas confondre dépense et investissement. La ligne peut par contre être difficile à tracer.

Par exemple, Québec dépense deux fois plus en crédits d'impôt aux entreprises que l'Ontario. On les a réduits de 20 % dans le dernier budget. Ces coupes paramétriques risquent de tuer le bon grain avec l'ivraie. Un travail de moine reste à faire pour identifier les inefficaces, et miser sur les autres. La commission permanente de la révision des programmes s'y attèlera. Le défi sera coriace.

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