Le problème du nouveau plan québécois des infrastructures (PQI) n'est pas dans les chiffres. Il se trouve dans ce qui n'est pas chiffré.

Le gouvernement Couillard a renoncé à hausser de 1,5 milliard par année les dépenses en infrastructures, et c'est tant mieux. On ne savait pas comment financer cette hausse sans alourdir la dette. Il faut applaudir le moonwalk quand il permet d'éviter un écueil.

Les dépenses pour les routes, hôpitaux, écoles et autres infrastructures coûteront 90,3 milliards pour la période de 2014 à 2024. La majorité de l'argent (56%) ira à l'entretien et la réfection. On commandera aussi un portrait centralisé de l'état des actifs en place, en plus d'adopter un nouveau cadre de gestion. Bref, on veut remettre de l'ordre dans la maison. Mais on n'a pas éliminé toutes les conditions qui ont permis certains dérapages dans les dernières années.

En effet, les investissements ne seront pas répartis également durant la prochaine décennie. On dépensera plus cette année (11,5 milliards) afin de stimuler l'économie. Ce n'est pas une mauvaise idée, mais il faudra par contre veiller à ce que Québec n'utilise pas une vieille stratégie: prévoir une somme raisonnable sur 10 ans, en investissant toutefois plus la première année. Puis refaire la même chose l'année suivante, quand on remet à jour le plan, jusqu'à ce qu'on défonce les prévisions et surcharge la carte de crédit.

L'autre danger réside dans les projets à l'étude. On prévoit 50 millions cette année pour en étudier de nouveaux. La liste de projets dans la file d'attente continue de s'allonger. Parmi eux: prolongement de la ligne bleue du métro, recouvrement partiel de l'autoroute Ville-Marie, train de l'Ouest, transit sur le futur pont Champlain et l'élargissement de l'autoroute Henri-IV à Québec. Tout ce qui est budgété pour l'instant, c'est le coût des études. Et comme le PQI ne prévoit que 6 milliards sur 10 ans pour les nouveaux projets, on pourra difficilement tout faire avec cet argent.

Certes, le PQI est un plan organique. On le module constamment en fonction de l'échéancier et de l'importance des projets. Mais pris de façon isolée, chacun d'eux est intéressant et trouvera des défenseurs. Il n'y a pas que le déficit qui sera difficile à juguler. La dette aussi, et l'ère des décisions difficiles vient à peine de commencer.

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