Dans la négociation imminente sur l'étalement de la hausse de rémunération des médecins, Québec ne peut se contenter d'un diachylon. Si le problème du financement du système de santé est structurel, la solution doit l'être aussi.

Ce n'est pas trop mal parti. Les spécialistes et omnipraticiens sont d'accord avec le principe de l'étalement pour aider Québec à limiter son déficit. Cette année, les médecins recevront une hausse de 540 millions de dollars. Soit près de la moitié de l'argent neuf prévu en santé.

Il ne s'agit pas de rouvrir l'entente actuelle, mais bien d'étaler la hausse prévue. Les dernières négociations à ce sujet ont achoppé l'année dernière. Selon l'ancien gouvernement, les médecins demandaient en contrepartie une hausse inacceptable dans la prochaine entente.

Québec ne peut plus négocier en se demandant seulement quel chiffre écrire sur le chèque. Avant de s'engager à nouveau, il faudra réfléchir à la façon de distribuer l'argent.

Un rappel, d'abord. Une hausse de la rémunération ne se traduit pas par une hausse de la productivité. On observe plutôt le contraire, a démontré le chercheur Damien Contandriopoulos. Les médecins seraient tentés de garder le même revenu avantageux, tout en diminuant leur volume de travail. Ce serait particulièrement le cas avec la nouvelle génération.

La baisse de la productivité est un problème complexe. Elle peut aussi s'expliquer par les cas devenus plus lourds à cause du vieillissement de la population. Et le lien avec la rémunération n'est pas forcément causal.

Mais ce qu'il faut retenir, c'est qu'on n'a pas augmenté la rémunération des médecins pour améliorer les soins. On l'a fait pour diminuer l'écart avec leurs homologues des autres provinces.

Si l'équité est le principe visé, Québec devrait toutefois l'évaluer aussi en comparant les médecins à un autre groupe : les employés de la fonction publique et parapublique, dont le salaire a beaucoup moins augmenté.

Tout cela devrait servir d'argument à Québec pour exiger qu'on distribue l'argent différemment. Il existe trois modes de rémunération : à l'acte, en salaire et par capitation - une somme versée pour chaque patient pris en charge. Le mode varie selon les spécialistes. Il est parfois mixte. Mais même si elle a légèrement diminué, la rémunération à l'acte compte encore pour environ 75 % de l'argent versé aux médecins. Or, elle incite à multiplier les interventions isolées, au lieu d'une approche de soins globale, en collaboration avec les autres professionnels de la santé.

En échange de hausses de rémunération très généreuses, l'Ontario a convaincu ses médecins de se faire payer davantage par capitation et salaire. Une telle rémunération véritablement mixte permet de minimiser les effets pervers propres à chaque mode de rémunération. C'est l'équilibre qu'il faudra trouver. Avant de commencer à signer le prochain chèque.

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