On voudrait y croire.

En renonçant au projet de loi sur les commissions scolaires, essentiellement un brassage de structures, et en mettant sur la table plusieurs propositions pour améliorer la réussite scolaire, le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, propose enfin un pas en avant.

Ce n'est pas trop tôt, après deux ans de valse-hésitation de la part du gouvernement Couillard. Espérons toutefois que cette fois-ci sera la bonne.

On voudrait y croire, même si M. Proulx n'est pas le premier ministre à embrasser son nouveau rôle en promettant mer et monde pour améliorer le système. On voudrait y croire, même si le gouvernement n'est pas le premier à faire de l'éducation une « priorité nationale » sans que les gestes ne suivent ensuite les paroles. Difficile d'ailleurs de blâmer aujourd'hui ceux qui affichent leur scepticisme.

Il y a « urgence d'agir », a pourtant affirmé le ministre Proulx en présentant sa vision dans une longue entrevue accordée à notre collègue Tommy Chouinard.

Cette vision, il faut reconnaître qu'elle est ambitieuse et qu'elle frappe tous azimuts : école obligatoire de 5 à 18 ans, rehaussement de la formation des maîtres, amélioration de l'apprentissage du français, révision du financement pour les élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation et d'apprentissage, mise sur pied d'un Institut national d'excellence en éducation, création d'un ordre professionnel pour les enseignants. Ouf !

Ces idées seront étayées dans un document en vue d'une consultation que le ministre promet pour l'automne et dont la forme reste à définir. Un exercice qui mènera, au début de 2017, le gouvernement Couillard à présenter son « plan de match » en éducation.

Le temps presse. Non seulement parce qu'il restera à peine un an et demi avant les élections pour mettre certaines mesures en place, mais surtout parce qu'il faudra des années avant que les résultats soient perceptibles et se répercutent sur une hausse du taux de diplomation.

Voilà trop longtemps qu'au Québec, on parle d'améliorer la réussite scolaire, nous inquiétant des écarts avec les autres provinces, entre les garçons et les filles, entre les régions, entre les réseaux anglophones et francophones.

On a vu certains résultats, mais les débats ont trop souvent mené à des formules uniques et des redditions de comptes comme les « conventions de gestion et de réussite éducative ». Tant mieux si on réalise aujourd'hui qu'il faut un plan d'action global où chaque école, chaque milieu, dispose de la latitude pour répondre aux besoins de ses élèves.

C'est encourageant de voir un gouvernement annoncer avec conviction la route qu'il compte prendre. Il doit maintenant répondre aux attentes élevées qu'il suscite.

Espérons d'ailleurs qu'il ne bifurquera pas à la moindre occasion, surtout que plusieurs des propositions actuellement sur la table ont été évoquées par le passé et vite abandonnées sur la voie de garage.

Les résultats dépendront de trois ingrédients essentiels. La volonté politique, ce dont semble disposer le ministre Proulx, qui bénéficie d'une conjoncture favorable. Le financement qui devra être au rendez-vous. Et enfin, la mobilisation de tous - enseignants, directions d'école, parents, syndicats, ministère - qui devront impérativement travailler dans la même direction. Le défi est là.