Le budget Leitao, avec ses mesures spécifiques et ciblées, semble écrit pour répondre aux doléances des contribuables - et surtout des familles -  qui se sont bruyamment fait entendre au cours de la dernière année.

Certes, il faut saluer l'attitude responsable du gouvernement qui a permis l'atteinte d'un budget équilibré. Mais le changement de cap auquel on assiste semble d'abord destiné à contenter l'opinion publique. Le gouvernement cherche visiblement à payer des pots qu'il a, malheureusement, lui-même cassés. C'est particulièrement vrai en éducation, où les coupes dans les services aux élèves ont fait très mal.

La présentation d'un « Plan pour la réussite en éducation et en enseignement supérieur » est un message positif, mais on est encore loin du « signal fort » promis par le premier ministre Philippe Couillard la semaine dernière. C'est un premier pas.

Il est vrai qu'avec une hausse de 3 % de son budget, l'éducation obtient davantage que l'ensemble des autres portefeuilles, dont la croissance moyenne est de 2,6 %. Une somme de 164 millions - dont 80 avaient déjà été annoncés - est notamment réinvestie dans les services directs aux élèves. Et le gouvernement concentre ses efforts où les besoins sont névralgiques, c'est-à-dire dans les milieux défavorisés et auprès des élèves en difficulté. Mais pourquoi avoir coupé si c'était pour apposer un pansement par la suite ? Au moins, c'est le signe qu'il reconnaît ses erreurs.

Québec met aussi l'accent sur l'apprentissage de la lecture et de l'écriture chez les petits et semble même désireux de bâtir des ponts entre la petite enfance et le primaire. Voilà des déterminants importants pour la réussite scolaire, maintes fois identifiés par les experts. Reste que la marge de manoeuvre est mince ; c'est la masse salariale qui avale la large part du budget, comme partout ailleurs.

La vétusté souvent décriée des écoles, particulièrement dans la région de Montréal, force le gouvernement à faire un effort supplémentaire de 620 millions sur trois ans pour améliorer les infrastructures, du primaire à l'université. C'était pressant. Après des années de laisser-aller, les besoins sont toutefois immenses. Il ne faut pas penser que les problèmes de qualité de l'air se résorberont de sitôt.

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Plusieurs autres mesures disséminées dans le budget montrent que le gouvernement n'a pas été insensible aux manchettes des derniers mois.

Au moment où les familles remplissent leur déclaration de revenus et découvrent, parfois avec surprise, qu'elles doivent quelques milliers de dollars pour les services de garde, Québec réduit ainsi la cotisation parentale supplémentaire pour le deuxième enfant. La mesure étant rétroactive, le gouvernement a donc prévu un - petit - chèque dès les prochaines semaines pour apaiser le courroux des parents.

En santé, quelques millions sont destinés aux familles ayant des enfants autistes, aux centres de désintoxication, au soutien à domicile et à la recherche sur les maladies rares. Sans oublier, bien sûr, la taxe santé : 4,3 millions de Québécois profiteront cette année d'une réduction et, dès la fin de l'année prochaine, elle sera abolie.

Ce budget marque « une étape importante », a souligné hier le ministre des Finances, Carlos Leitao. Avec ce repositionnement, le gouvernement veut effectivement montrer à la population qu'elle a été entendue. Il en faudra toutefois plus pour qu'on ait une réelle vision du chemin que Québec veut prendre au-delà de la quête de l'équilibre budgétaire. On a l'impression pour l'instant qu'il gouverne en réaction à l'opinion publique.