La politique est l'une des dernières tavernes, l'un des derniers boys clubs. Les femmes y ont accès, mais ça demeure encore par la porte d'en arrière.

Pas étonnant que l'idée de quotas pour atteindre la parité hommes-femmes soit si souvent mise de l'avant. Plus de 120 pays en imposent, soit par une loi, soit par une mesure adoptée par les partis politiques.

Au Québec, un premier pas a été franchi en 2006 avec l'adoption d'une loi obligeant une présence égale de femmes aux conseils d'administration des organismes et sociétés d'État. Allons maintenant plus loin.

L'imposition de quotas a le mérite de forcer l'action, mais ce n'est pas une solution magique. Il faut l'accompagner de mesures concrètes et d'un changement de mentalité, tant de la part des hommes... que des femmes.

Elles sont les premières à rejeter les quotas, de crainte de ne plus être recrutées pour leurs compétences, mais seulement parce qu'elles sont des femmes. Non seulement cet argument est faux, mais il témoigne d'un « double standard » qui existe toujours, avance avec justesse Pascale Navarro dans son récent ouvrage Femmes et pouvoir : les changements nécessaires. « On ne présume jamais de l'incompétence d'un candidat qui se présente à une fonction de député. Pourquoi le ferait-on pour une candidate ? »

Attirer davantage de femmes en politique est un enjeu de société dont la responsabilité incombe d'abord aux partis politiques.

Ils doivent s'obliger à sortir des cercles de réseautage traditionnels pour aller à la rencontre des femmes. Et, par la suite, leur offrir des circonscriptions qui ne sont pas perdues d'avance, comme c'est encore trop souvent le cas, malheureusement.

La sensibilité et le regard que les femmes posent sur un enjeu offrent un autre éclairage. Il est primordial, par conséquent, qu'elles aient une voix là où se votent les lois et programmes qui édictent notre société. Est-ce que le Québec bénéficierait de son réseau des centres de la petite enfance, n'eût été une femme pour piloter le projet ?

Au-delà de la brûlante question de la parité, les systèmes parlementaires doivent aussi s'adapter à la réalité d'aujourd'hui en favorisant une plus grande conciliation famille-travail.

Après avoir quitté la vie politique, Jean-Martin Aussant a déclaré à Radio-Canada qu'il « ne recommande à personne de faire de la politique avec de jeunes enfants. C'est impossible. C'est physiquement impossible. »

Dans le contexte où les députés siégeant à Québec ou Ottawa sont éloignés de leur famille toute la semaine, où ce sont sur les épaules des femmes, de façon générale, que repose la plus grande part de l'organisation familiale - des jeunes enfants aux soins donnés aux parents vieillissants - et où elles sont plus enclines à verser dans la culpabilité, il faut des mesures concrètes.

Bien sûr, comme femmes, nous avons un cheminement à faire pour accepter le fait qu'en 2016, il est possible de tout faire... mais peut-être pas tout en même temps. Mais pour faire cette réflexion, il faut d'abord que toutes les portes s'ouvrent. Les grandes portes.