Lorsqu'un ministre se retrouve dans la plupart des émissions humoristiques de fin d'année, c'est généralement signe que ça ne va pas.

L'année 2015 a été plutôt pénible en éducation. Il a été question de compressions, de coupes dans les services aux élèves, d'abolition de postes, avec comme trame de fond des négociations difficiles avec les enseignants.

En février, la nomination de François Blais au poste de ministre de l'Éducation avait pourtant été bien accueillie. Après le passage chaotique d'Yves Bolduc, à qui l'on reprochait sa méconnaissance du milieu, ses déclarations souvent maladroites, voire malavisées, et ses idées de réforme tous azimuts, l'arrivée d'un universitaire réservé suscitait beaucoup d'attentes.

Moins d'un an plus tard, la déception est perceptible. Au point où le nom de François Blais circule en vue d'un éventuel remaniement ministériel, ce qui serait étonnant, car le ministre n'a pas commis de gaffe majeure.

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Si l'imposant ministère de l'Éducation nécessite un temps d'adaptation pour comprendre les dossiers, il reste que le ministre n'a pas répondu aux attentes jusqu'à maintenant.

Il a bien déposé le projet de loi attendu sur la réforme des commissions scolaires, mais il a fallu attendre le dernier jour des travaux parlementaires pour prendre connaissance de ce projet dont les vertus sont peu convaincantes.

Le ministre s'est aussi engagé à augmenter le taux de réussite scolaire en promettant de mettre l'accent sur la lecture et d'améliorer la maîtrise du français chez les jeunes.

C'est un thème récurrent pour tous les gouvernements, mais pour lesquels les gestes concrets se font souvent attendre. Le gouvernement Couillard n'y fait pas exception.

En décembre 2014, l'ex-ministre Bolduc avait promis un plan d'action pour le début de 2015, peut-être pour se racheter d'avoir déclaré quelques mois plus tôt qu'il n'avait aucune stratégie particulière pour le français. Le cabinet de François Blais continue de travailler sur un plan d'action, mais aucun échéancier n'a été fixé.

Un autre dossier dans lequel le ministre s'est engagé à agir est celui de la formation des futurs professeurs. Estimant que les universités acceptent des étudiants « trop faibles », le ministre veut rehausser les critères d'admission pour recruter les meilleurs candidats en enseignement. Des discussions sont en cours avec les universités, mais le temps presse pour que ces nouvelles conditions d'admission soient en vigueur au semestre d'automne, comme prévu.

Ce qui suscite le plus de déception, toutefois, est la distance qui, tel un mur, sépare le ministre et le milieu de l'éducation. Les enseignants lui reprochent de ne jamais mettre les pieds dans une école. Ses détracteurs raillent ses déclarations souvent philosophiques, loin de la réalité des classes aux prises avec un nombre croissant d'élèves en difficulté.

Des organisations professionnelles, des enseignants, des parents et même des élèves ont interpelé le ministre ces derniers mois, mais il n'a pas été en mesure de témoigner d'empathie devant leurs demandes et leurs préoccupations.

Si l'éducation est réellement « notre avenir, notre projet de société », comme l'a dit Philippe Couillard dans son discours inaugural, son ministre de l'Éducation ne peut se contenter de belles paroles. Il doit agir.