Quel a été le premier geste de Justin Trudeau, au lendemain de sa victoire ? Aller à la rencontre des Montréalais qui se rendaient en métro au travail. Un geste qui démontre la vraie nature du premier ministre désigné.

Le résultat des élections fédérales ne s'est pas joué uniquement sur un désir de changement, mais sur les perceptions. Visiblement, Justin Trudeau a su toucher le coeur des Canadiens en parlant avec émotion et humanisme.

C'est à un retour aux valeurs progressistes qu'il conviait les électeurs. Cette idée que le Canada a perdu de son lustre pendant les années conservatrices a fait son chemin, titillant au passage la fierté perdue des Canadiens.

Dès l'annonce des résultats, lundi, un changement de ton était perceptible. Tandis que Stephen Harper évoquait dans son discours de défaite « ce monde de peur dans lequel nous vivons », Justin Trudeau répétait que la politique peut être « positive ». Il a fait miroiter l'image d'un Canada de paix, rassembleur et engagé qui a fait sa marque à l'étranger.

Tout est question de perception. Si certains lui reprochent ses lunettes roses et son discours mièvre, une majorité d'électeurs ont choisi d'accorder leur confiance à Justin Trudeau en portant au pouvoir une majorité de députés libéraux. C'est signe qu'il a su les toucher.

M. Trudeau attise un mélange d'espoir et de nostalgie en préconisant ce retour aux valeurs qui ont contribué à bâtir la société canadienne. Mais il fait aussi rêver. Sa jeunesse, son héritage familial, sa famille tissée serré présentent un beau portrait d'ensemble.

Dès les premières minutes de son discours de victoire, il s'est d'ailleurs adressé à ses enfants, leur parlant de la nouvelle vie qui les attend, avec des propos sentis où sa propre enfance au 24 Sussex était fraîche en mémoire. Cette référence omniprésente à ses enfants le rend encore plus accessible, comme si les jeunes familles qu'il courtise se reconnaissaient un peu.***Mais il y a un danger à trop faire rêver. On l'a vu en 2008 avec l'élection de Barack Obama, après l'ère Bush où le monde était scindé entre les bons et les méchants. La comparaison est évidemment bien différente, alors que l'Amérique élisait le premier président noir de son histoire.

Reste que les deux mettaient de l'avant de grandes ambitions guidées par des valeurs progressistes. M. Trudeau s'est engagé sur plusieurs fronts -  l'environnement, la politique étrangère, la question autochtone, les relations avec les provinces - pour que le Canada retrouve la place qui lui revient. « S'il y a un pays au monde qui peut être à la hauteur de nos attentes collectives, c'est bien le Canada », a-t-il affirmé hier.

Le risque de créer trop d'attentes est qu'il faut ensuite les combler, ce qui, inévitablement, finit par causer des déceptions.