Les vieux sacs en plastique qui battent au vent ou qui flottent sur l'eau ne sont pas seulement une pollution visuelle, ils détruisent aussi la faune et la flore en mettant 450 ans à se désagréger. Les bannir s'avère pourtant une solution trop simpliste pour être idéale.

La sensibilisation des consommateurs et une réflexion sur la possibilité d'imposer une tarification de quelques sous pour l'utilisation de ces sacs à usage unique - comme on le voit déjà dans les épiceries - s'avèrent des voies plus prometteuses.

C'est d'ailleurs ce qui se dégage de la consultation publique menée la semaine dernière par la Ville de Montréal sur les enjeux et les impacts de l'interdiction des sacs en plastique à usage unique.

Pour 87 % des Montréalais, ces sacs ne servent pas qu'une seule fois ; ils sont réutilisés pour les lunchs ou les ordures ménagères. Si on les bannit, ils en achèteront d'autres, plus résistants et plus dommageables.

Une majorité de commerçants et de citoyens s'opposent à l'interdiction, révèle aussi un sondage mené pour l'Association canadienne de l'industrie des plastiques. Si l'exercice doit être analysé avec un bémol en raison de l'intérêt évident de l'organisme, les conclusions sont tout de même révélatrices de ce qui s'est passé ailleurs.

Là où l'opposition était forte, des villes ont dû reculer sur leur intention de bannir les sacs en plastique ; celles qui ont eu du succès faisaient face à une faible opposition qui s'est vite essoufflée.

Au Québec, la sensibilisation a eu de bons résultats jusqu'à présent. De façon volontaire, le recours aux sacs de plastique à usage unique a diminué de 52 % en deux ans. Des commerçants demandent systématiquement aux usagers s'ils ont (vraiment) besoin d'un sac, d'autres facturent 0,05 $ le sac tandis que certains commerces encouragent l'utilisation de sacs en polypropylène. On peut encore faire mieux, notamment du côté des pharmacies et des grands magasins, pour qui le logo sur les sacs est avant tout un outil de marketing.

L'Irlande a réduit sa consommation de 90 % en vendant les sacs 0,23 $ chacun. Washington l'a diminuée de 60 % en les vendant 0,05 $ et en obligeant les commerçants à verser la majorité de la somme recueillie dans un fonds déterminé, géré par la Ville.

La formule est intéressante, surtout que l'interdiction complète des sacs en plastique à usage unique a entraîné des effets pervers dans certaines villes : les citoyens utilisent davantage de sacs en papier et de sacs en plastique plus résistants, dont la fabrication requiert plus de ressources ou d'énergie.

Avant d'opter pour la voie la plus radicale, Montréal devrait continuer de miser sur l'éducation de la population, en l'informant mieux, par exemple, sur la façon de recycler. Une tarification uniforme et obligatoire de quelques sous par sac est aussi une avenue à regarder.