Une entente de principe étant conclue entre le gouvernement et les médecins, il reste à en déterminer les modalités. Ces petits caractères en bas du contrat détermineront l'atteinte - ou pas - des objectifs et, pour y arriver, un suivi rigoureux est essentiel.

On a eu un aperçu de la tâche au cours des derniers jours. L'opposition a dénoncé une mesure incitative pour les médecins qui acceptent d'inscrire - et de suivre - de nouveaux patients, brandissant le spectre de l'entente 245, rebaptisée la « prime Bolduc ».

C'est une joute politique ; l'opposition a voulu coincer le ministre Gaétan Barrette et celui-ci, dans son style vindicatif, a tenu des propos déplorables.

Le cynisme de la population est compréhensible. Les Québécois veulent un médecin de famille qu'ils peuvent voir quand ils sont malades, une mission souvent impossible. Dans cette perspective, il est normal qu'ils se demandent pourquoi le médecin devrait être payé davantage pour faire son travail... qui est de voir des patients.

Cette prime ne doit pas coûter un sou de plus au gouvernement. La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a réservé une enveloppe, puisée à même la hausse de rémunération des médecins.

Et si l'entente 245 a donné lieu à quelques dérapages, dont le plus médiatisé est celui de l'ex-ministre Yves Bolduc, elle a aussi fait en sorte que plus de patients (environ 800 000) ont été inscrits, depuis, auprès d'un médecin.

Le problème qui demeure est l'incapacité de voir le médecin quand c'est nécessaire, ce que viendrait potentiellement corriger la nouvelle entente, qui promet une meilleure prise en charge et un véritable suivi en fixant, entre autres, un taux d'assiduité.

Il faudra connaître les modalités qui seront négociées pour la nouvelle prime, notamment ce que le médecin doit obligatoirement faire comme examen lors d'un premier rendez-vous de prise en charge, ce qui n'a pas été déterminé jusqu'à présent. En versant un incitatif aux médecins, on reconnaît que ces visites sont forcément plus longues et les patients orphelins en sortiront aussi gagnants.

Reste aussi à améliorer les guichets d'accès. L'entente prévoit que les patients vulnérables devront trouver un médecin en moins de 30 jours, tandis que le délai moyen devra être d'un mois (maximum de 90 jours) pour un patient non vulnérable.

La semaine dernière, la vérificatrice générale soulignait justement les délais et le manque de transparence affectant ces portes d'entrée à un médecin. L'entente passe d'ailleurs sous silence le temps qui s'écoule entre le moment où le patient donne son nom et celui où une infirmière l'appelle pour déterminer sa « cote » de priorité. C'est un élément crucial : ce n'est qu'à ce moment que le patient est réellement en « attente » pour un médecin. Actuellement, cette étape peut prendre plusieurs mois.

Dans son rapport, la vérificatrice générale s'inquiétait aussi du manque de suivi. C'est préoccupant, car l'entente de principe repose sur l'atteinte de cibles, et un comité paritaire devra suivre les progrès régulièrement. Sera-t-il en mesure de le faire ? Le ministre s'est engagé à divulguer les rapports publiquement ; c'est au moins une première étape pour reconquérir la confiance du public.