Savoir compter ses sous ne suffit pas ; encore faut-il être en mesure de prendre les bonnes décisions financières, un domaine où trop de Québécois s'avèrent analphabètes.

L'une des solutions est le retour du cours d'économie dans les écoles, comme le prônent plusieurs personnalités du milieu des affaires. Le fondateur de Couche-Tard, Alain Bouchard, a ajouté sa voix en ce sens cette semaine.

Longtemps obligatoire en cinquième secondaire, le cours d'éducation économique a été aboli en 2009. Il a été remplacé par Monde contemporain, un cours plus global portant aussi sur la politique et la géographie, qui amène l'élève à réfléchir sur des enjeux liés aux mouvements des populations, à la richesse ou à l'environnement.

Avec un taux d'endettement record frôlant 164 % au Canada, une bonne santé financière n'est pourtant pas une option.

Dès 2011, le Groupe de travail sur la littératie financière recommandait d'ailleurs d'enseigner des notions dès le primaire pour améliorer les compétences économiques des Canadiens.

C'est ce qu'a fait l'Ontario, où des notions sont maintenant intégrées dans le curriculum de la quatrième année du primaire à la fin du secondaire. Le Québec a plutôt tenté une expérience pilote et devrait être en mesure d'offrir, à la rentrée scolaire 2015 ou 2016, un nouveau cours d'économie destiné aux élèves de cinquième secondaire. Seul bémol, il sera optionnel.

Pour ajouter formellement un cours d'économie, il aurait fallu retrancher une autre matière au programme. Québec aurait aussi pu exiger de tous les professeurs qu'ils intègrent des notions à la matière qu'ils enseignent, mais donner la responsabilité à tout le monde équivaut à ne l'imputer à personne, comme on l'a vu avec le cours d'éducation sexuelle, aboli lui aussi dans la foulée de la réforme.

L'apprentissage de notions économiques, basé sur des concepts concrets de la vie quotidienne, est pourtant bénéfique à tous les jeunes et leur servira toute la vie.

Ils sont sollicités très tôt par le crédit. La majorité des jeunes adultes possèdent au moins une carte de crédit, une part importante bénéficie aussi d'une marge de crédit personnelle, mais beaucoup d'entre eux n'en connaissent pas les rouages, ignorant jusqu'au taux d'intérêt qu'ils paient sur leur solde impayé, reporté de mois en mois.

La responsabilité d'inculquer des notions de base aux enfants, notamment l'importance d'établir un budget ou d'épargner pour les jours difficiles, revient certes aux parents, mais comment le faire efficacement quand eux-mêmes présentent des lacunes ? Un sondage mené par BMO en 2013 révélait en outre que les Québécois accordent moins d'importance que le reste des Canadiens au fait que leurs adolescents aient de bonnes connaissances financières.

Sachant que de mauvaises décisions en matière d'argent ont des répercussions pendant des années, il est primordial de donner à tous les jeunes une chance égale de partir du bon pied.