La parité entre les hommes et les femmes est un idéal à atteindre en politique, mais la contrainte n'est pas la voie à privilégier pour y parvenir.

Profitant du 75e anniversaire du droit de vote des femmes, le Conseil du statut de la femme (CSF) brosse le portrait de la représentation des femmes au sein de la société québécoise, notamment dans les postes de pouvoir.

Le gouvernement Couillard fait peu de place aux femmes, déplore l'organisme. Les femmes sont moins nombreuses autour de la table du Conseil des ministres et leur influence est moindre puisqu'elles occupent des postes qui totalisent 9% des dépenses, analyse le CSF.

Les femmes sont peu présentes en politique, point. Elles totalisent à peine le quart des élus à l'Assemblée nationale. Elles comptent pour 26% des députés du gouvernement Couillard, mais 31% des ministres. Difficile d'avoir autant de femmes que d'hommes quand la parité n'y est pas dès le départ.

Affirmer que les femmes ministres exercent peu d'influence parce que le budget de leur ministère est moins important est réducteur. La Santé et l'Éducation accaparant plus des deux tiers des dépenses, il en reste peu pour les autres.

Le premier ministre n'aurait-il pas pu nommer une femme - plusieurs voyaient Hélène David - au poste influent de ministre de l'Éducation? Probablement. Mais la formation d'un conseil des ministres est un exercice complexe où il faut ménager les susceptibilités des uns, tirer profit des compétences des autres, tout en ayant en tête plusieurs critères incontournables, à commencer par la représentativité des régions.

Le Conseil des ministres est le symbole. La question de fond est de savoir pour quelles raisons les femmes sont moins présentes dans les sphères de pouvoir, particulièrement en politique.

Le gouvernement a légiféré pour forcer la parité dans les conseils d'administration des sociétés d'État. C'est plus embêtant en ce qui concerne la députation: les électeurs auront toujours le dernier mot pour choisir la personne qui les représentera.

Les partis politiques peuvent commencer par faire une place égale aux femmes et non pas les reléguer aux circonscriptions perdues d'avance, comme c'est souvent le cas.

Encore faut-il attirer des candidates. Est-ce par manque d'intérêt que les femmes sont moins présentes? Est-ce que le regard que pose la société sur ces femmes d'influence a quelque chose à y voir?

La condescendance et le sexisme sont encore omniprésents en politique. La femme est trop souvent jugée sur sa tenue vestimentaire ou la maîtrise de ses émotions, faisant l'objet de remarques désobligeantes que ne subirait pas son vis-à-vis masculin. On l'a vu avec des politiciennes comme Pauline Marois ou Hillary Clinton.

La parité n'est pas une fin en soi. Il faut d'abord changer les perceptions et convaincre les femmes de se tourner vers les sphères de pouvoir.