Les voisins gonflables font rire, mais imiter ses pairs a du bon pour s'inspirer des meilleures pratiques.

Pendant que le manque d'accès à un médecin de famille est l'objet d'un débat récurrent au Québec, d'autres provinces ont mis en place des mesures efficaces. La recette du succès ? Interdisciplinarité, travail en groupe et informatisation.

La clinique Taber, en Alberta, est souvent citée en exemple. Depuis 2006, l'attente a complètement disparu ; les patients peuvent voir leur médecin dans la journée.

Pour les épauler, les médecins font davantage appel aux autres professionnels de la santé, notamment les infirmières, dont les services ont augmenté de 50 %. Les visites au cabinet du médecin ont fondu : 2,1 par année en moyenne comparativement à 5,6 ailleurs.

Le mode de rémunération de ces médecins albertains a été revu afin de favoriser l'interdisciplinarité. Ils reçoivent un salaire fixe pour un panier de services définis, mais continuent d'être rémunérés à l'acte pour certains services plus imprévisibles comme les accouchements.

Au Québec, plusieurs rapports ont recommandé de revoir le mode de rémunération des médecins. Le gouvernement s'y est toujours refusé. Il faudra pourtant mener la réflexion.

Si aucun modèle n'est parfait, la rémunération mixte semble favoriser le travail interdisciplinaire. C'est compréhensible : le médecin payé à l'acte hésitera à référer des cas faciles à l'infirmière pour ne conserver que les cas lourds qui nécessitent plus de temps et sont moins payants.

D'autres mesures novatrices existent. Au Manitoba, le Collège des médecins oblige désormais les médecins de famille à assurer le suivi de leurs patients 365 jours par année. Quand une clinique est fermée, plus question de se buter à un répondeur. Un système centralisé dirigera le patient vers un professionnel qui prendra le relais pour répondre à ses besoins.

Le Québec est en retard. Un changement de culture est nécessaire, croit d'ailleurs l'Association médicale du Québec (AMQ) qui réfléchit à la définition d'un nouveau « contrat social » entre la population et la profession médicale dans le cadre de son congrès annuel.

Un sondage mené pour l'AMQ auprès de la population, de médecins et d'étudiants en médecine montre d'ailleurs une ouverture en ce sens.

Sur la question de l'interdisciplinarité, une majorité de répondants (dans la population) est d'avis qu'il faut recourir davantage aux services d'infirmières et de pharmaciens. Les médecins y sont encore moins enclins. En revanche, ils sont plus conscients des enjeux liés au surdiagnostic et aux consultations inutiles qui contribuent à encombrer les cabinets médicaux.

Ce changement de culture qui est préconisé est essentiel et tous auront leur bout de chemin à faire. Au Québec, la dernière décennie a été teintée par les négociations entre le gouvernement et les médecins en vue de rehausser leur rémunération. Il est temps de penser aux patients.