Une nouvelle souche de VIH, extrêmement virulente, a été découverte à Cuba. Avant de prendre peur et de bannir les voyages dans le Sud, il faudrait plutôt s'inquiéter des ratés du dépistage, car un porteur du VIH sur quatre s'ignore.

L'Organisation des Nations unies s'était fixé l'objectif zéro pour 2015. Cette année devait sonner la fin de la transmission du VIH, la fin de la discrimination, la fin du sida. Avec 35 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde - dont 20 000 au Québec -, un constat d'échec s'impose.

Pas étonnant que l'apparition de souches plus virulentes du VIH suscite autant d'inquiétude. La dernière, détectée à Cuba, fait en sorte que la charge virale des patients est extrêmement élevée. Sans médication, le sida se développe beaucoup plus vite, en moins de trois ans.

L'étude est présentée aujourd'hui, dans le cadre de l'Annual Conference on Retrovirus and Opportunistic Infections qui se déroule à Seattle. Sa publication récente dans la revue EBioMedicine fait déjà réagir.

La prudence s'impose. L'étude porte sur un petit échantillon de patients seulement et est publiée dans une revue beaucoup moins prestigieuse que Nature ou Science, ce qui est révélateur.

L'augmentation des infections transmises sexuellement (ITS) devrait nous inquiéter davantage que l'apparition d'une souche plus virulente du VIH - qui ne semble pas résister, pour le moment, à la médication. La hausse des infections comme la chlamydia, la syphilis et la gonorrhée, particulièrement chez les jeunes hommes, est révélatrice d'un problème de comportement qui contribue davantage à la propagation du VIH et qui pourrait être enrayé.

Aujourd'hui, on ne peut prétendre à l'ignorance quant aux risques de transmission des ITS. Il semble donc y avoir un relâchement des pratiques sécuritaires. Banalisation de la maladie? Lassitude?

Devant ce constat, plusieurs en appellent à un dépistage plus fréquent, surtout pour ceux qui ont des comportements à risque. Une personne sur quatre porteuse du VIH ne le sait pas et peut le transmettre à ses partenaires. C'est d'autant plus inquiétant que le virus semble se propager plus facilement dans la première année suivant l'infection.

Certaines régions ont mis en place des programmes pour limiter la propagation du VIH. C'est le cas dans les États de New York et de Washington. La Colombie-Britannique a aussi implanté un programme permanent de dépistage après le succès d'un projet-pilote visant à réduire l'incidence du VIH, améliorer le dépistage précoce et favoriser un meilleur accès au traitement.

C'est la voie à suivre. Pour espérer vaincre le sida, la recherche est primordiale, certes. Mais il faut surtout limiter la propagation du VIH en menant des campagnes ciblées auprès des personnes qui ont un comportement à risque et favoriser un programme de dépistage plus fréquent.