Même si la réforme en éducation n'a pas eu les effets escomptés, ce serait une erreur d'entreprendre maintenant un autre virage à 180 degrés.

Une étude d'envergure menée par des chercheurs de l'Université Laval a mesuré les impacts de la réforme. Dévoilée la semaine dernière, elle révèle que le renouveau pédagogique n'a pas amélioré la réussite globale des élèves. Pourquoi?

Le virage proposé était large et tous azimuts. Il s'est heurté aux critiques, à l'incompréhension et à l'opposition. Les ajustements et les modifications qui ont suivi n'ont pas favorisé un climat de confiance et d'adhésion.

Les répercussions se sont fait sentir dans les classes. La perception des jeunes face à leurs apprentissages est plus négative que celles des élèves d'avant la réforme. La relation entre l'enseignant et l'élève est pourtant un élément déterminant dans la réussite scolaire. Un prof dynamique et confiant influence positivement sa classe. Les perturbations causées par la réforme n'ont pas favorisé ce climat.

Comme l'étude portait sur les premières cohortes du renouveau pédagogique, arrivées au secondaire en 2006 et 2007, il serait intéressant de voir si le résultat est différent aujourd'hui.

Que faire maintenant? Au lieu de s'attaquer au casse-tête en entier, il serait sage de choisir un morceau à la fois, comme le suggérait le Conseil supérieur de l'Éducation dans un récent avis.

En français, l'ajout d'heures d'enseignement n'a pas permis d'améliorer l'orthographe des élèves, particulièrement des garçons. La réforme a placé l'élève au centre de ses apprentissages et multiplié les projets spéciaux. On peut modifier la façon d'enseigner, mais l'apprentissage demeure un exercice parfois douloureux qui requiert de l'effort et de la pratique.

La lecture étant un facteur important de la réussite scolaire, il faut miser là-dessus pour améliorer les compétences en français. Au lieu de proposer plus de programmes en sport-études et de projets manuels pour les garçons, comme le préconise le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, faisons en sorte de les intéresser davantage à la lecture.

Au passage, il faudra s'attaquer à la formation des maîtres. Il sera difficile d'améliorer l'orthographe des élèves si les jeunes enseignants éprouvent eux-mêmes des difficultés, comme c'est le cas actuellement.

L'autre morceau important concerne l'aide aux élèves en difficulté. Les élèves de la réforme ont bénéficié de davantage de plans d'intervention et de soutien professionnel. L'étude ne permet pas de déterminer si la réforme a causé plus de problèmes aux élèves ou si, au contraire, elle a permis d'augmenter le soutien. Chose certaine, un suivi continu et individualisé paraît nécessaire pour les aider. Il faut suivre cette voie.

Maintenant que certains constats sont posés, il faut se donner la chance d'aller de l'avant avec des mesures ciblées pour construire sur les bases existantes. Effacer l'ardoise pour recommencer à zéro prendrait des années et risquerait d'être encore plus dommageable.