La méfiance et la désinformation sont plus néfastes que les vaccins. L'éclosion de rougeole qui frappe 11 États américains après avoir commencé à Disneyland, en Californie, le démontre.

Cette maladie extrêmement contagieuse est «éliminée» des Amériques depuis l'an 2000. Les cas sont pourtant en hausse. En 2011, le Québec a connu sa pire épidémie en 20 ans, forçant la tenue d'une campagne de vaccination massive dans les écoles. L'an dernier, des cas ont été rapportés dans 27 États américains, une année record. La Colombie-Britannique, l'Alberta et l'Ontario ont aussi été touchés.

Se faire vacciner est une décision personnelle qui a des conséquences sur la collectivité. Pour stopper une maladie, le taux de couverture doit être de 95% dans la population. Le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) rapporte qu'il a baissé à 92% dans certaines régions, notamment en Californie. Les demandes d'exemptions pour des croyances, religieuses ou autres, ont augmenté au cours des dernières années, rapportait le Washington Post cette semaine.

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La majorité des parents québécois font vacciner leurs enfants, mais des études ont révélé que le calendrier de vaccination - incluant celui du vaccin contre la rougeole-rubéole-oreillons (RRO) - n'est pas toujours respecté. Des enfants commencent l'école sans avoir reçu toutes les doses recommandées.

Depuis quelques années, la santé publique note, un peu partout au Canada, plus de réticence et de questionnement. Le mouvement anti-vaccin est contagieux et se propage vite. L'information facilement accessible sur l'internet, sans que le vrai soit distingué du faux, ainsi que des cas anecdotiques de mauvaises expériences, contribuent à semer le doute. Sans oublier cette fameuse étude publiée en 1998 qui établissait un lien possible entre le vaccin RRO et l'autisme. Démentie depuis, elle continue néanmoins de faire des ravages.

Le vaccin contre la rougeole peut causer des problèmes neurologiques graves dans moins d'un cas sur un million. À l'autre extrême, les effets secondaires de la rougeole peuvent être dramatiques: 1 personne sur 1000 développe une encéphalite qui peut laisser des séquelles au cerveau, voire des retards mentaux; 1 personne sur 3000 en meurt.

Une certaine nonchalance par rapport à la maladie s'explique par le fait que les souvenirs des ravages de la rougeole s'estompent. On oublie qu'avant la découverte du vaccin, au début des années 60, le Canada comptait 400 000 cas par année. On oublie que la rougeole tue. D'ailleurs, c'est encore l'une des causes principales de décès chez les enfants dans le monde.

Il faut redoubler d'efforts pour écouter les inquiétudes des parents et leur fournir des données fiables qui viendront contrecarrer les histoires d'horreur anecdotiques qui jouent sur la corde émotive. Mieux ils seront informés, moins on verra des vacances au pays de Mickey tourner au cauchemar. Pour eux, mais aussi pour les autres.