À quoi rime le redécoupage des commissions scolaires sur l'île de Montréal? Le gouvernement promet un allégement des structures; nous y voyons plutôt une réorganisation inutile qui risque de coûter cher.

Le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, veut réduire de 72 à 46 le nombre de commissions scolaires au Québec. Plusieurs seront fusionnées tandis que des territoires seront redéfinis, notamment à Montréal.

La Commission scolaire de Montréal (CSDM), la plus grosse organisation au Québec, voit une partie de son territoire avalé par la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB). Au final, 66 écoles réparties dans quatre quartiers seront transférées.

La CSDM perdra près du tiers de ses élèves. Elle en comptera 65 000. La clientèle de la CSMB passera de 55 000 élèves à plus de 91 000. Elle deviendra la plus grosse commission scolaire de la province. Quant à la commission scolaire Pointe-de-l'Île, elle conserve ses 42 000 élèves.

Québec justifie cette réorganisation par le fait que la CSDM est devenue trop grosse à gérer, que le redécoupage est logique et que la CSMB est reconnue pour ses bonnes pratiques de gestion.

Si la CSDM souffre d'un problème de gestion, la présence d'un observateur ministériel ou la révision des façons de faire aurait sans doute permis d'arriver aux mêmes fins.

Le brassage de structure monopolisera les énergies et gaspillera les fonds publics. Le ministre fait miroiter des économies, mais il n'est pas en mesure de les quantifier. Rappelons-nous les fusions de 1998. Le nombre de commissions scolaires était passé de 156 à 72.

Cette réduction devait entraîner des économies de 100 millions; elle a plutôt coûté 78 millions en raison de divers frais: rupture de lien d'emploi, déménagement des équipements, mobilité du personnel, frais administratifs tels que papeterie et téléphonie, informatisation, coûts juridiques, etc.

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Le redécoupage préconisé actuellement créera de l'incertitude pour les élèves, les parents et les enseignants des écoles concernées, ainsi que pour l'ensemble du personnel des commissions scolaires.

Les conventions collectives sont gérées localement. Qu'adviendra-t-il des enseignants et des professionnels dont les écoles changeront de territoire? Et des élèves dont l'école, située dans un autre quartier, appartiendra désormais à une autre commission scolaire?

La CSDM s'inquiète de la défavorisation, qui pourrait peser plus lourd avec la perte de certaines écoles où le taux de réussite est plus élevé. Quant à la CSMB, elle se demande si elle devra éponger une partie du déficit cumulé de 70 millions de sa voisine.

Voilà bien des questions sans réponses, surtout que le portrait complet ne viendra qu'en février, avec un projet de loi qui portera aussi sur la gouvernance des commissions scolaires. En attendant, ce brassage de structures soulève bien des doutes que les explications sommaires du gouvernement sont loin de dissiper.