Dans certaines écoles de Montréal, plus de la moitié des élèves quittent le secondaire sans avoir en poche ni diplôme ni qualification. Si la métropole aspire à renouer avec la croissance économique et la prospérité, elle doit faire en sorte de ne pas laisser ces jeunes derrière.

Ne pas avoir de diplôme entraine des répercussions tout au long d'une vie: plus de chômage, risque accru d'avoir recours à l'aise sociale, revenu moins élevé, participation moins active dans la société (vote, bénévolat).

Le gouvernement a fait de la lutte au décrochage scolaire une priorité. D'ici 2020, il souhaite hausser à 80% le taux d'obtention d'un diplôme ou d'une qualification après sept années au secondaire (la norme étant de cinq ans d'études). À Montréal, ce taux se situait à 73,4% en 2013 alors que la cible est de 77%.

L'implication de l'État, des écoles et des parents n'est pas suffisante. Les études l'ont démontré: la mobilisation de toute une communauté peut faire une différence.

Il faut donc saluer des initiatives comme le mouvement «Adoptez une école», l'un des nombreux projets proposés dans le cadre de la conférence «je vois mtl», qui vise à remettre Montréal sur les rails.

L'idée, empruntée à l'Ontario et aux États-Unis, est de jumeler des écoles à des collèges, des universités ou des entreprises pour mettre sur pied des projets novateurs pour tous les élèves. Que ce soit en sciences, en arts ou en entrepreneuriat, l'objectif est de favoriser la persévérance scolaire en fonction de la réalité de chacun.

Dans Parc-Extension, l'Université de Montréal veut ainsi travailler avec une école primaire pour offrir des services d'optométrie, de soins dentaires et d'orthopédagogie. Ailleurs, une école secondaire mise plutôt sur l'art urbain.

Initiateurs du mouvement, Fusion jeunesse et Réseau réussite Montréal - deux organismes reconnus dans la lutte contre le décrochage scolaire - offriront des ressources techniques, humaines ou financières pour permettre aux projets de voir le jour.

Plusieurs initiatives existent déjà, à petite échelle. Des écoles défavorisées bénéficient ainsi de programmes pour faire découvrir la musique, le théâtre ou les échecs aux élèves. L'idée d'un mouvement crée toutefois une impulsion et envoie le message que tous doivent s'impliquer dans la réussite scolaire.

Les facteurs qui contribuent au décrochage sont multiples et le portrait varie selon les régions. Montréal a ceci de particulier: elle compte davantage de familles sous le seuil de la pauvreté, de mères sans diplôme et d'immigrants. Il faut en tenir compte dans le soutien offert aux élèves.

La mobilisation d'une communauté peut faire changer les choses, comme l'a montré, par le passé, le Saguenay - Lac-Saint-Jean, souvent cité en exemple en matière de lutte au décrochage scolaire. Montréal doit se mobiliser et le mouvement «Adoptez une école» est l'une des initiatives qui lui en donnent la possibilité.