On savait les commissions scolaires en sursis, mais il faudra attendre encore avant de savoir à quelle forme de remodelage le gouvernement procédera. Cette lente agonie, contreproductive, a assez duré.

Commentant les élections scolaires de dimanche, le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, a promis, d'ici quelques mois, un projet de loi qui apportera des changements « significatifs » quant à la gouvernance, au rôle et à l'organisation des commissions scolaires.

On se serait attendu, minimalement, à quelques grandes orientations dès maintenant. Après tout, l'idée d'une réforme des commissions scolaires ne date pas d'hier. Le gouvernement est au pouvoir depuis six mois. Il a en main, depuis juin, un rapport détaillé sur le financement, l'administration, la gestion et la gouvernance des commissions scolaires.

Le ministre a qualifié de « décevant » le taux de participation aux élections scolaires. Qui est réellement surpris? La participation des citoyens à la démocratie scolaire n'a cessé de diminuer depuis les années 1980. Cette diminution est un peu moins prononcée chez les anglophones parce qu'elle constitue l'un des derniers pouvoirs politiques de proximité.

En affirmant que l'avenir des commissions scolaires dépendait du taux de participation, le gouvernement a lui-même envoyé un signal clair. En choisissant de ne pas aller voter, plusieurs ont ainsi exprimé leur indifférence ou leur désapprobation face au travail des commissions scolaires. D'autres ne se sont pas rendus aux urnes parce qu'ils ont décodé que les élections ne servaient à rien, que la suite des choses était déjà entendue.

Inquiétant, tout de même, de voir qu'une instance démocratique risque de disparaître dans l'indifférence quasi générale. À peine un Québécois sur 20 a choisi de se prévaloir de son droit de vote.

La démocratie est pourtant un privilège. Même les élus semblent l'avoir oublié : les libéraux, en organisant un coûteux processus électoral sans pour autant encourager les citoyens à se rendre voter; les députés de la Coalition avenir Québec en s'abstenant, pour la plupart, de voter parce qu'ils désapprouvent l'existence des commissions scolaires.

Il est clair que quelque chose cloche dans ces grosses organisations. Des changements doivent être apportés pour faire en sorte que l'argent alloué par Québec se rende véritablement jusqu'aux élèves. Mais, souvent à tort, les commissions scolaires sont devenues le symbole de tout ce qui ne va pas dans le système d'éducation.

La précipitation est rarement bénéfique. On peut comprendre qu'avec la révision des programmes en cours et la refonte majeure en santé, le gouvernement préfère attendre avant de s'attaquer à l'éducation. Sauf que l'incertitude n'est pas un bon guide et malheureusement, c'est ce qui attend le milieu pour plusieurs mois encore. Les commissaires et les présidents qui se sont présentés aux élections scolaires - et qui ont été élus - méritent mieux que cette lente agonie.