Le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, envoie un curieux message en liant l'avenir des commissions scolaires au taux de participation lors des élections scolaires du 2 novembre. À quoi bon tenir cet exercice coûteux si le sort des commissions scolaires est scellé d'avance ?

Le ministre refuse de chiffrer le taux de participation global acceptable pour maintenir la structure actuelle des commissions scolaires. Or, l'histoire nous apprend que ce taux a rarement dépassé la barre des 20 %. Il a chuté constamment depuis les années 1990 pour atteindre un plancher en 2007, année des dernières élections.

Le discours actuel occulte aussi les fluctuations importantes qui existent à travers le Québec. Si le taux de participation plonge à un seuil anémique de quelque 3 % dans les grands centres - Montréal en tête - environ 30 % des électeurs se prévalent de leur droit de vote dans certaines commissions scolaires plus éloignées. Ainsi, la mobilisation semble plus grande quand les citoyens se sentent touchés.

Pour tenter de raviver l'intérêt de la population, des modifications ont été apportées cette année : les présidents sont élus au suffrage universel, le nombre de commissaires a été réduit et les candidats peuvent fournir de l'information aux électeurs à propos de leur expérience et de leurs engagements.

Il serait toutefois étonnant que ces changements soient suffisants. Le désintérêt des électeurs résulte de facteurs récurrents. Ceux qui n'ont pas d'enfants à l'école se sentent généralement peu concernés par la politique scolaire. Plusieurs ignorent même à quoi servent les commissions scolaires. Une fatigue s'est aussi installée. Depuis 2003, c'est la 16e fois que les Québécois sont appelés aux urnes pour se prononcer sur une élection fédérale, provinciale, municipale ou scolaire.

D'ailleurs, si l'on tient à maintenir les élections scolaires, il serait pertinent de les jumeler avec les élections municipales, comme c'est le cas en Ontario et au Nouveau-Brunswick, une idée dans l'air depuis plusieurs années. Il n'est pas garanti que les électeurs seraient mieux informés, mais à tout le moins, le taux de participation serait sans doute plus élevé.

Dans le débat sur l'avenir des commissions scolaires, c'est principalement le volet politique - et non administratif - qui est remis en question. Une autre option serait donc d'abolir le suffrage universel pour choisir les commissaires parmi les gens déjà impliqués dans le milieu scolaire. Cette idée qui circule mériterait d'être étudiée plus en profondeur.

Il est clair que des éléments sont à revoir. Mais la pression exercée par le ministre quant au taux de participation aux prochaines élections scolaires laisse planer un doute qui n'incite pas à aller voter. Si son intention est d'abolir les commissions scolaires ou d'en modifier radicalement la structure, il doit le dire. Il doit aussi expliquer par quoi il les remplacera, comme nous le verrons demain.