Le débat sur le financement des écoles privées s'apparente à un exercice idéologique débattu à coups de chiffres contradictoires où l'on oublie le principal intéressé: l'élève.

Le réseau public sera-t-il en mesure de répondre à la demande? La preuve reste à faire. Une étude estime que 20 000 élèves pourraient déferler dans le public advenant une réduction des subventions au privé. Une autre recherche démontre que les deux tiers des parents retireront leurs enfants du privé si les droits de scolarité augmentent de 2000$.

Le mouvement est difficile à anticiper, mais les conséquences seront bien réelles. Or, des écoles primaires sont déjà bondées au point de nécessiter de nouvelles constructions. Des écoles secondaires sont aussi à l'étroit. Il faudra pourtant trouver des locaux pour loger les élèves provenant du privé.

Pour procéder à une planification rigoureuse, il est nécessaire d'analyser les besoins en terme d'immobilisations, d'enseignants, voire de transport scolaire. Réalisera-t-on vraiment des économies?

Il faut aussi penser à l'élève. Ceux qui prônent une réduction des subventions aux écoles privées font valoir que cela aura pour effet de ramener des élèves «doués» dans le réseau public. C'est un pari risqué.

Dans plusieurs écoles, le nombre de nouveaux élèves risque d'être minime au point de ne pas avoir l'effet escompté. Dans d'autres, il est possible que cela contribue à augmenter les notes globales et le taux d'obtention du diplôme d'études secondaire, redorant ainsi l'image de l'établissement. Est-ce le but recherché?

Les conséquences se feront sentir sur le plan individuel. Est-il logique de déraciner un élève de l'école qu'il a choisie, d'un programme d'études qui le motive, uniquement sous le prétexte de favoriser une hypothétique émulation?

Dans ce débat entourant le financement du privé, il faut aussi se questionner sur les raisons qui font en sorte que chaque année, toujours plus d'élèves quittent le réseau public. Dans la région métropolitaine, jusqu'à 30% des élèves du secondaire fréquentent une école privée.

Les programmes particuliers sont populaires. C'est d'ailleurs pour être plus attrayantes et compétitives que les écoles du réseau public multiplient les spécialisations en arts, en sports, en sciences. Elles ont compris qu'elles doivent offrir aux élèves - dont certains ont plus de facilité à l'école - une motivation supplémentaire.

Tous les élèves fréquentant une école privée ne figurent pourtant pas parmi les meilleurs. Seule une minorité de collèges élitistes font passer des tests de sélection. Beaucoup d'écoles optent plutôt pour des examens de classement. C'est d'abord pour l'encadrement pédagogique et disciplinaire que les parents optent pour le privé.

Le réseau public doit faire en sorte de pouvoir répondre à ce besoin. Vouloir rapatrier les élèves pour des objectifs incertains, tant au plan financier et pédagogique, risque d'avoir des conséquences néfastes bien réelles, dont celle de compromettre la réussite des élèves.