«Avec l'avènement de la saison estivale et l'ouverture des portes et fenêtres, le bruit peut avoir une incidence sur la quiétude et la qualité de vie des résidants.»

Étrange que ces propos tirés du site web de l'arrondissement de Ville-Marie ne s'appliquent qu'à ses citoyens. En effet, aucune limite de bruit n'a été fixée pour les concerts présentés au parc Jean-Drapeau et qui se font entendre jusque sur la Rive-Sud.

Partout à Montréal, la réglementation limite le nombre de décibels autorisés, avec des exceptions pour certains événements. Au parc Jean-Drapeau, l'exception est devenue la règle. Les élus disent ne pas vouloir nuire à la venue de groupes internationaux.

La saga dure depuis des années. Excédés, les élus de Saint-Lambert ont fait parvenir hier une mise en demeure à la Ville de Montréal.

L'insensibilité démontrée par les élus montréalais est navrante. La Ville avait pourtant fait des efforts au cours des dernières années. Des techniciens en contrôle du bruit mesurent le niveau de décibels sur le site. L'orientation des scènes et des haut-parleurs a aussi été revue.

Les résultats sont limités, mais ces efforts témoignaient au moins d'une bonne volonté.

Le bruit est-il si fort? Montréal affirme qu'en moyenne, le niveau ne dépasse pas celui de l'autoroute 132. Attention. La circulation produit un bruit régulier. L'oreille s'y habitue au point de ne plus l'entendre.

Le bruit produit lors d'un spectacle est non seulement variable - avec des pointes élevées - , mais il est aussi porteur de message. De sa cour, un résidant de Saint-Lambert peut entendre distinctement les paroles prononcées au parc Jean-Drapeau, à plus de 1,4 km. Les basses fréquences peuvent aussi provoquer des vibrations dans les fenêtres des maisons. Le vent amplifie la portée du son.

Les plaintes des citoyens sont compréhensibles. Le nombre d'événements organisés au parc Jean-Drapeau est en croissance. Cette année, du début juin à la fin août, une activité a lieu chaque fin de semaine.

Certains festivals, comme Osheaga et Heavy Montréal, se prolongent sur deux ou trois jours, avec de la musique de 11h à 23h.

Certes, la métropole est reconnue pour son dynamisme et ces événements y contribuent, attirant des dizaines de milliers de spectateurs. Le problème est qu'en les réunissant au même endroit, les nuisances affectent toujours le même groupe de citoyens.

Dans le cadre de son 375e anniversaire, Montréal souhaite développer encore davantage le parc Jean-Drapeau, considéré comme un site enchanteur. La Ville devra pour ce faire procéder aux investissements nécessaires afin de trouver des solutions permanentes qui rendront le bruit acceptable pour tous.

L'attitude des élus montréalais serait-elle la même devant les plaintes de citoyens vivant aux abords du parc Maisonneuve si des spectacles y avaient lieu toutes les fins de semaine?