«La violence sexuelle dans les conflits doit être traitée comme un crime de guerre ; cela ne peut plus être considéré comme un dommage collatéral malheureux de la guerre. »

La représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Zaina Hawa Bangura, le résume bien. Le viol des populations est un crime de guerre.

Les armes ont évolué depuis la Grande Guerre et le Débarquement de Normandie, deux anniversaires commémorés ces jours-ci.

Mais une arme, primitive, n'a pas changé. C'est le viol des mères, des fillettes, des grands-mères. Le sujet était tabou à l'époque. Dans les guerres récentes, le nombre de cas semble exploser.

Moyen de représailles ou de vengeance, façon d'instaurer une peur permanente ou de réduire à l'esclavage, le viol peut détruire une population, l'asservir, l'anéantir.

La République démocratique du Congo (RDC) en est un triste exemple, l'est du pays étant déchiré par un conflit qui semble ne jamais vouloir finir.

Il faut entendre ces Congolaises, stoïques, raconter les atrocités vécues pendant que les images indélébiles défilent dans leur mémoire.

Elles revoient les milices arriver en pleine nuit, piller le village, tuer les maris à coups de machettes. Des larmes coulent sur leurs joues quand elles relatent les viols répétitifs subis devant leurs enfants.

S'approprier les corps n'est pas suffisant. Les agresseurs utilisent leurs fusils pour détruire les organes des femmes. Ils les brisent physiquement et mentalement. Elles seront souvent répudiées, rejetées par leur communauté. Plusieurs préféreraient être mortes.

C'est cela, le viol comme arme de guerre.

Il y a la RDC, mais il y a eu aussi la Bosnie, le Rwanda, la Sierra Leone, le Liberia. Le phénomène est maintenant dénoncé en Syrie.

Avant les tribunaux pénaux de l'ex-Yougoslavie et du Rwanda, les viols n'étaient pas considérés comme des crimes de guerre. Une évolution s'est faite. La Cour pénale internationale reconnaît maintenant le viol et les violences sexuelles comme des crimes contre l'humanité. Le Conseil de sécurité de l'ONU a aussi adopté des résolutions en ce sens. C'est la bonne voie.

Il reste cependant du travail à faire. Le cas récent de Germain Katanga, en RDC, illustre bien la complexité de la question. L'ex-chef de milice a été reconnu coupable de meurtres, d'attaques contre une population civile, de destruction de biens et de pillages, mais pas de viol. Personne n'a pu prouver qu'il ait incité ses soldats à commettre ce crime.

Signe d'espoir, des célébrités associent leur nom aux victimes de viol, comme le fera la semaine prochaine Angelina Jolie au Sommet international pour mettre fin aux violences sexuelles lors des conflits, à Londres. Voilà qui témoigne d'une prise de conscience collective. Enfin !