Les commissions scolaires sont menacées par de nouvelles compressions, elles qui ont essuyé des restrictions budgétaires de 640 millions depuis 2010. Les élèves ne doivent pas en faire les frais.

Il est normal que le deuxième poste en importance du gouvernement soit mis à contribution dans un effort de redressement des finances publiques, mais il faut agir dans une perspective d'avenir où l'éducation est une priorité.

Les dernières compressions ont fait mal. La Commission scolaire de Montréal a annoncé cette semaine l'abolition de 25 postes de professionnels, dont certains travaillent auprès des élèves. La CSDM prévient qu'elle a coupé dans la chair et qu'elle est rendue à l'os.

Elle n'est pas la seule dans cette situation. Malheureusement, les élèves en difficulté sont ceux qui souffrent le plus de la situation.

Les commissions scolaires doivent résister à la tentation de procéder aux coupes les plus visibles pour alerter l'opinion publique. Mais leur casse-tête est réel.

Les contribuables, en particulier les parents, ont aussi été mis grandement à contribution. Pour compenser les pertes de 200 millions dues à l'abolition de la péréquation, ils ont absorbé l'an dernier une part plus élevée du compte de taxes scolaires.

En certains endroits, le coût du transport scolaire le midi ou à une deuxième adresse (pour les élèves dont les parents sont séparés) a grimpé. La CSDM s'est quant à elle départie de garderies à 7$.

Les commissions scolaires ont raison de recentrer leur mission sur l'éducation. Le portefeuille des contribuables peut toutefois difficilement en absorber plus, ce dont le gouvernement est conscient.

Québec dévoilera bientôt ce qu'il entend faire dans le dossier de la péréquation dont l'abolition, si rien n'est fait, fera encore perdre 120 millions aux commissions scolaires au cours des deux prochaines années.

Un rapport sur le financement, la gestion et la gouvernance des commissions scolaires est aussi attendu. Il pourra aider le gouvernement dans ses orientations.

L'image des commissions scolaires est mise à mal depuis longtemps. Critiquées pour leur mauvaise gestion, elles ont tardé à corriger le tir. Leurs efforts récents ont tout de même permis de réduire leurs frais administratifs à 4,6% de leur budget global.

Les abolir serait une solution simpliste. Même en donnant plus d'autonomie aux écoles, il faudra toujours une structure régionale pour des services comme l'organisation du transport scolaire.

La disparition des directions régionales du ministère, annoncée par le ministre Bolduc, fera économiser quelques millions. D'autres aménagements permettraient de dégager une marge de manoeuvre, mais on est loin des dizaines de millions de compressions évoquées actuellement.

Si le gouvernement doit annoncer de nouvelles coupes, il a le devoir moral d'indiquer aux commissions scolaires où les faire, lui qui s'est engagé à ne pas toucher aux services aux élèves.