Voilà que l'Alberta relance le débat. Un rapport commandé par le ministère de l'Éducation de cette province ramène à l'avant-scène la question de l'évaluation des professeurs.

Dévoilé au début de la semaine, le rapport s'inscrit dans une vaste réflexion pour favoriser l'excellence en enseignement et développer une vision à long terme centrée sur l'élève.

Il contient une vingtaine de recommandations, dont celle de soumettre les enseignants à une évaluation tous les cinq ans pour conserver leur brevet d'enseignement.

Faut-il aller aussi loin pour motiver les troupes, améliorer la qualité de l'enseignement et débusquer de rares enseignants vraiment incompétents? Il faut au moins réfléchir à la question.

L'évaluation des enseignants est un sujet de débat constant qui braque les syndicats. En début d'année, le Conseil canadien des chefs d'entreprise publiait un rapport démontrant que la qualité de l'enseignement pouvait être rehaussée avec un système d'évaluation.

L'Ontario, l'État de New York, la Nouvelle-Zélande et l'Angleterre, parmi d'autres, évaluent leurs enseignants. Ici, la Coalition avenir Québec a suscité un tollé en proposant de faire de même.

Au Québec, le débat lie trop souvent l'évaluation des enseignants aux résultats des élèves, à des critères de performance ou à des objectifs chiffrés.

On ne peut pas comparer l'enseignement dans une classe de milieu aisé avec une autre où les enfants n'ont pas déjeuné avant d'arriver à l'école. Ni avec une classe où la moitié du groupe présente des troubles de comportement ou des difficultés d'apprentissage.

Ce n'est pas une raison pour éluder la question. Il est possible d'ajuster les critères d'évaluation en tenant compte des particularités de certains milieux.

Faut-il rappeler que l'enseignant joue un rôle fondamental dans la vie d'un enfant? Plusieurs études ont démontré à quel point un professeur dynamique, motivé, allumé, imaginatif, peut entraîner ses élèves vers le haut. Malheureusement, l'inverse est aussi vrai.

Les directions d'école ont le devoir de discuter avec les enseignants de leur travail, mais il n'y a pas de rétroaction systématique dans toutes les écoles. Le pouvoir des directions est également limité.

Bien que des mesures soient prévues pour les cas problématiques qui exigent des sanctions disciplinaires, dans les faits, constituer un dossier est long, ardu et donne rarement des résultats.

Un système d'évaluation professionnelle mis en place dans toutes les écoles permettrait d'offrir une rétroaction et du soutien aux enseignants dans une perspective de cheminement personnel tout au long de leur carrière. Souligner les bons coups est valorisant. Avoir de l'aide pour affronter une situation difficile est tout aussi bénéfique.

Dans une majorité de milieux, les travailleurs sont soumis régulièrement à des évaluations. Pourquoi serait-ce différent pour les enseignants?

Un tel processus doit toutefois s'inscrire dans une réflexion plus large sur la profession, un peu à l'image de l'initiative albertaine.

Les enseignants sont confrontés à de nombreux défis, particulièrement en début de carrière. Il faut mettre les efforts nécessaires pour améliorer la formation et le mentorat.

Mais en parallèle, il faut cesser de tergiverser et mettre en place un modèle d'évaluation de leur travail.