Avec ce froid intense, on pense à ceux et celles qui passent leur journée dans la rue et qui cherchent un peu de chaleur près des bouches de métro. La ministre déléguée aux Services sociaux, Lise Thériault, vient justement de présenter un plan d'action en itinérance qui, de l'avis général, répondra tout au plus aux besoins les plus urgents des organismes qui viennent en aide aux sans-abri. Il faut se souvenir que l'an dernier à pareille date, les principaux refuges montréalais criaient famine et quémandaient du financement pour pouvoir affronter l'hiver.

Le plan de la ministre Thériault ne fait pas l'unanimité car la commission parlementaire sur l'itinérance, qui a déposé un rapport très complet le 4 novembre dernier, recommandait l'adoption d'une politique sur l'itinérance pour le Québec.La ministre a choisi la formule du court terme: son plan, qui s'accompagne d'une enveloppe budgétaire de 14 millions de dollars, s'étend sur quatre ans.

D'où la déception de plusieurs organismes communautaires, mais aussi du Barreau du Québec qui a participé aux travaux de la commission, et qui estime qu'un plan n'est pas un outil suffisant pour s'attaquer au problème de l'itinérance de façon sérieuse.

Quelle est la différence entre un plan et une politique? C'est d'abord et avant tout la durée. Un plan éteint les feux alors qu'une politique permet une vision à long terme ainsi que la mise en place de mécanismes permanents. Soyons réalistes, l'itinérance est un problème qui n'est pas prêt de disparaître.

Pour des organismes qui doivent se débrouiller avec des bouts de ficelles et qui ont l'impression de régler le sort du monde avec des moyens dérisoires, une vision à long terme est primordiale.

Au-delà des déceptions des uns et des autres, il faut tout de même se réjouir qu'on ait adopté quelque chose. C'est au moins un signe de vie de la part d'un gouvernement qui donnait l'impression d'ignorer la situation des sans-abri depuis quelques années. Ce plan est donc une bonne chose, mais à une condition: qu'il ne soit pas une fin mais plutôt une étape vers l'adoption d'une politique, et ce, à l'intérieur d'un délai raisonnable.

Un des aspects intéressants des mesures annoncées par la ministre, c'est le volet recherche. Il est plus que temps qu'on documente la question et qu'on mette à jour les statistiques sur l'itinérance. Récemment, Québec solidaire déclarait que Montréal comptait 30 000 itinérants. Voilà un chiffre qui semble exagéré. Une étude permettra d'établir des statistiques plus précises sur lesquelles pourra se baser le Ministère pour établir une politique. Cela permettrait aussi de brosser un portrait de la situation hors Montréal et de déterminer quels sont les besoins particuliers pour les femmes, par exemple.

Donc un plan pour passer l'hiver, c'est bien. Mais on attend toujours la politique.