Y a-t-il encore des choses à dire à propos de la conciliation travail-famille? Oui, et beaucoup, si l'on se fie à l'avalanche de confidences recueillies par la documentariste Marie-Pierre Duval dans son film Bébé ou CV qui sera présenté mardi soir, 20h, sur les ondes de Canal Vie.

Il y a encore bien des choses à régler à ce chapitre, peut-on constater en visionnant le document qui donne la parole à quelques mères dans la trentaine. À bout de souffle, elles ont choisi de laisser leur emploi pour être présentes auprès de leurs enfants.

 

Décision difficile, voire déchirante, à une époque où on se définit d'abord par le travail et où le rôle de «mère à la maison» est perçu comme une trahison de la cause (féministe), un gaspillage de ressources, une parenthèse non productive (les pères qui font ce choix, plus rares, passent encore pour des héros. Cela changera peut-être lorsqu'ils seront plus nombreux).

On dira qu'avec les garderies à 7$ et les congés parentaux d'un an, l'État québécois fait beaucoup pour les parents. C'est vrai. C'est maintenant aux entreprises de faire leur part en faisant preuve d'ouverture et de flexibilité. Car un enfant ne se range pas dans une petite case au terme du congé parental. On est un parent actif pour environ 18 ans. Et pour bien jouer son rôle de parent, pour accompagner et éduquer son enfant, il faut du temps.

De plus en plus d'études montrent, chiffres à l'appui, que les parents sont stressés, épuisés. On observe de plus en plus de dépressions chez les parents d'enfants âgés de 0 à 6 ans. Le trio infernal métro-boulot-dodo, auquel il faut ajouter la pression de performer au travail, sont venus à bout de bien des couples qui se croyaient éternels.

La bonne nouvelle c'est qu'aujourd'hui, de plus en plus de pères revendiquent la même chose que les mères: plus de temps pour s'occuper des enfants.

Les employeurs ne peuvent pas tout régler, mais ils peuvent se montrer accommodants. Souvent, ce ne sont pas les solutions qui manquent (banques de congés familiaux, horaires flexibles), mais plutôt la bonne volonté qui fait défaut. Dans certains milieux particulièrement traditionnels, un homme qui quitte le bureau plus tôt pour aller chercher son enfant à la garderie s'expose à des railleries ou tout au moins à une incompréhension totale de la part de ses collègues. Dans d'autres entreprises, toutefois, l'attitude pro-famille des dirigeants créée un climat beaucoup moins stressant pour les parents.

Si le film Bébé ou CV devait avoir une seconde partie, elle devrait donc être consacrée à ces jeunes pères qui se heurtent aux mêmes obstacles que leur conjointe dans leur vie professionnelle. Maintenant que leurs voix se joignent à celles des mères, peut-être verra-t-on les mentalités évoluer au cours des prochaines années?