Quand le ministre de la Santé, Yves Bolduc, et ses collègues Amir Khadir et Bernard Drainville se sont fait vacciner devant les caméras de télévision pour nous convaincre d'en faire autant, on ne les a pas vus attendre quatre heures dans un stationnement, au froid, avec deux enfants en larmes pendus au bras.

Ce qu'on a imposé au cours des derniers jours aux citoyens ordinaires (huit heures d'attente lundi à Beauport!) est carrément inacceptable: on ne demande pas à des femmes enceintes accompagnées de bébés ou de jeunes enfants d'attendre durant une demi-journée à l'extérieur par une fraîche journée de novembre, tout comme on ne demande pas à une personne en rémission de cancer d'aller faire la ligne pendant plus de quatre heures debout entre deux rangées de voitures. Aucune clinique vétérinaire ne ferait subir ça au commun des caniches, alors pourquoi un tel traitement pour des êtres humains?

Hier, le ministre Bolduc a annoncé de nouvelles mesures pour tenter de réduire les temps d'attente. Désormais, on distribuera des coupons ou des bracelets. Les gens devront donc se déplacer deux fois plutôt qu'une au centre de vaccination mais en échange, on leur promet qu'ils attendront moins longtemps. Cette mesure est déjà en place dans certaines régions du Québec (à Gatineau, entre autres, que le ministre ne cesse de citer en exemple) et elle a donné de bons résultats. Espérons que cette approche soit aussi efficace dans la grande région montréalaise, car bientôt, le thermomètre va descendre sous zéro.

Pendant qu'on est dans la résolution de problèmes, pourquoi ne pas en profiter pour régler certaines incohérences dans le cycle de vaccination. Des parents ayant attendu des heures avec leur enfant de moins de 5 ans au cours des derniers jours se sont fait refuser le vaccin. On leur a dit qu'ils devraient revenir ultérieurement. Ces gens devront donc manquer une seconde journée de travail pour être vaccinés à leur tour. Pourquoi ne pas vacciner toute la famille d'un seul coup?

Le ministre de la Santé refuse, du moins pour l'instant, d'envisager la vaccination à l'école. Pourquoi? Les écoles sont parfaitement capables de gérer une campagne de vaccination avec autorisation parentale, ils le font à chaque année pour l'hépatite et le vaccin contre le cancer du col de l'utérus. On le fait en France, on le fait au Nouveau-Brunswick, on le fait à New York. Pourquoi pas ici?

L'organisation d'une vaste campagne de vaccination n'est pas une tâche facile, on le comprend bien. Malgré cela, on s'attendait à une planification beaucoup plus efficace. Qu'arrivera-t-il si le virus gagne en intensité et fait plus de victimes? Sera-t-on en mesure de répondre à la demande et de calmer la population? On commence à en douter.