Le plan contre le décrochage scolaire présenté hier par la ministre de l'Éducation était très attendu. Il ne comportait toutefois pas de grandes surprises. En gros, Michelle Courchesne adhère aux conclusions du rapport Ménard, rendu public il y a six mois, selon lesquelles l'école, seule, ne peut mener la lutte contre le décrochage. La communauté doit s'impliquer. Cette approche, mise à l'essai dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, a donné des résultats positifs.

La ministre demande donc à chaque commission scolaire de se fixer des objectifs, et à chaque région de se mobiliser pour soutenir ses écoles. Les parents et le milieu de l'emploi sont également interpellés.

 

Parmi les actions proposées, on veut diminuer le ratio d'élèves dans les classes du primaire (une vieille promesse), améliorer l'aide aux devoirs et accorder plus d'attention aux élèves de 4e et 5e secondaire, en particulier dans les milieux défavorisés. L'objectif est d'atteindre un taux de réussite de 80% d'ici 2020 (rappelons qu'en 1995, on visait 85% pour 2010...).

La proposition la plus importante vise toutefois les plus jeunes enfants. On le sait, les racines du décrochage sont profondes et c'est pourquoi il faut porter une attention particulière aux tout-petits. Il faut se souvenir du rapport désolant de la Direction de la santé publique, en 2008, qui rappelait que 35% des petits Montréalais n'avaient pas la maturité nécessaire lorsqu'ils entraient à la maternelle. Le plan Courchesne propose donc un arrimage entre les centres de la petite enfance et les écoles. Le problème, c'est que les enfants les plus vulnérables ne fréquentent pas nécessairement les CPE. Pour toutes sortes de raisons (le coût, mais aussi la peur de certains parents d'être «détectés» par les services sociaux), ces enfants sont gardés à la maison jusqu'à la maternelle. Ce sont eux qu'il faut intégrer le plus tôt possible dans le système d'éducation. Devrait-on instaurer une maternelle à 3 ans ou encore, rendre les services de garde entièrement gratuits aux familles défavorisées? Le plan n'aborde malheureusement pas cette question. Il ne précise pas non plus quel sera le rôle des CPE une fois qu'ils auront identifié des cas problèmes. Offrira-t-on des services professionnels ciblés à ces enfants? Et si oui, qui déterminera la nature des services dont ils ont besoin? À notre avis, il aurait fallu mettre davantage l'accent sur l'aide aux très jeunes enfants.

Il y avait un grand absent, hier, à la conférence de presse: le premier ministre, Jean Charest. C'est lui le responsable du dossier jeunesse au Conseil des ministres. Sa présence aurait donné du poids au plan Courchesne en confirmant que le gouvernement québécois faisait de l'éducation LA priorité des priorités. Or Québec consacrera moins de 200 millions$ par année à la lutte contre le décrochage alors que l'Ontario en investit 1,3 milliard. Une priorité? Vraiment?