Les subventions accordées par Hydro-Québec à des établissements d'enseignement privé ont réanimé le débat école publique-école privée.

Une des premières à sauter dans l'arène aura été la nouvelle présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), Josée Bouchard. Cette dernière a profité de la controverse pour rappeler à quel point il est crucial de faire la promotion du système public. Personne ne la contredira sur cette question. On ne redira jamais assez l'importance pour le Québec d'avoir un excellent réseau d'écoles publiques.

 

Si nous sommes d'accord avec le constat de Mme Bouchard, nous le sommes beaucoup moins avec son analyse, cependant. Selon elle, les parents québécois choisiraient l'école privée pour une question d'image. «Nous vivons dans une société de consommation et si les parents choisissent l'école privée, c'est parce qu'elle est un symbole de leur réussite matérielle. Ils veulent montrer qu'ils ont réussi dans la vie.»

Cette analyse est non seulement simpliste, elle frôle le mépris pour tous ces parents qui se serrent la ceinture en voulant offrir à leurs enfants ce qu'ils jugent être la meilleure éducation possible.

Bien sûr qu'il existe d'excellentes écoles publiques, au même titre qu'on trouve aussi de moins bonnes écoles privées. Mais le fait est que bien des parents issus de la classe moyenne, las des essais-erreurs du réseau public, du ratio élève-enseignant trop élevé ainsi que du manque d'encadrement, font le choix du privé.

Bon nombre d'entre eux ne sont pas riches. Ils font partie de la classe moyenne, paient le maximum d'impôts ainsi que leurs taxes scolaires qui servent à financer le réseau public. Mais ils décident malgré tout de débourser quelques milliers de dollars supplémentaires pour envoyer leur enfant au privé. Parmi eux, bon nombre ne roulent pas sur l'or et nombreux sont ceux qui rognent dans les dépenses et se privent de vacances pour que leur enfant fréquente une bonne école. Non pas pour épater les voisins mais plutôt parce qu'ils font de l'éducation une priorité. Et qu'ils souhaitent offrir à leurs enfants un milieu stimulant où le mot excellence (et non pas performance, la nuance est importante) n'est pas une insulte ou un mot tabou.

Ces parents seraient sans doute enchantés de mettre cet argent dans leurs poches et d'envoyer leur enfant à l'école publique si on pouvait leur garantir un aussi bon encadrement, des enseignants ayant la réputation d'être motivés et motivants ainsi qu'un cadre d'apprentissage stimulant. Pour l'instant, ils ont perdu confiance. Et ce n'est pas en les jugeant qu'on les fera revenir sur leur position. La mauvaise réputation de l'école publique s'appuie sur des perceptions, c'est vrai. Mais elle s'appuie également sur de nombreux faits. Si on veut rétablir la confiance des parents à l'endroit du réseau public, qu'on commence par l'améliorer plutôt que blâmer ceux qui ont choisi l'école privée.

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nathalie.collard@lapresse.ca