Le mont Royal est encore une fois dans la ligne de mire des promoteurs immobiliers.

Cette fois, on veut transformer l'ancien Séminaire de philosophie des Sulpiciens (autrefois le Collège Marianopolis) en complexe résidentiel. L'ensemble compterait 325 unités d'habitation (certains bâtiments auraient jusqu'à neuf étages) ainsi qu'un stationnement sous-terrain de 671 places.

Ce projet, qui est actuellement soumis à la consultation publique, déroge à plusieurs règlements du plan d'urbanisme de l'arrondissement Ville-Marie ainsi qu'à certains principes du plan de protection de la montagne. Que fait-il en consultation publique dans ce cas? Mystère.

 

Des citoyens s'opposent au projet. Une pétition circule, à l'initiative des Amis de la montagne. On dirait la reprise d'un mauvais film.

Pourtant, il y a quelques semaines, la Ville de Montréal annonçait en grande pompe un plan de protection et de mise en valeur de la montagne. Ce plan est le fruit d'un très, très long travail de consultation auprès des membres de la Table de concertation du Mont-Royal. La montagne n'aura jamais été aussi protégée, déclarait-on ce jour-là. Et on la bichonnera comme jamais. Ah oui?

Visiblement, il y a quelque chose qui n'est pas clair dans le mot protection. C'est pourtant simple: un plan de protection doit protéger.

Est-ce que les Londoniens doivent se battre pour empêcher la construction de condos dans Hyde Park? Bien sûr que non. Est-ce qu'un promoteur a proposé récemment d'ériger une tour d'habitation dans Central Park? On n'y pense même pas. Dans ces deux villes, ces parcs sont classés dans la catégorie «pas touche». À Montréal, il semble que ce soit beaucoup plus compliqué. Pourquoi?

C'est d'autant plus incompréhensible que tous les Montréalais disent tenir à la montagne comme à la prunelle de leurs yeux. N'importe quel sondage, consultation ou brainstorming sur Montréal confirme chaque fois que le mont Royal est un joyau unique que la métropole doit chérir.

C'est à se demander si la Ville de Montréal aime vraiment la montagne.

Il faut aller se balader sur l'avenue du Parc pour constater le peu de soin qu'on y porte. À commencer par les abords de la statue de George-Étienne Cartier, face au parc Jeanne-Mance. Ce magnifique monument a été rénové à grands frais au cours des dernières années. Il est superbe. Or la Ville ne fait strictement rien pour le mettre en valeur. Un minable parterre de jonquilles, des bancs de parc délabrés, des poubelles affreuses, c'est ce qui attend le visiteur lorsqu'il se trouve face à ce qui devrait être l'accès le plus important et le plus majestueux au parc du Mont-Royal. L'équivalent de Hyde Park, disions-nous? Quelques mètres plus loin, à l'angle du chemin de la Côte-Sainte-Catherine et de l'avenue du Mont-Royal, c'est encore pire. Il n'y a plus de gazon, que de la terre et du gravier. Pas une seule fleur. On dirait qu'un troupeau de vaches est passé par là.

Or il suffit d'aller se promener dans n'importe quelle grande ville pour voir que le plus modeste des squares est mieux entretenu, avec des fleurs magnifiques et des gazons verdoyants. Pendant ce temps, à Montréal, on est témoin d'une négligence impardonnable. Pauvre mont Royal!

nathalie.collard@lapresse.ca