Très attendu dans le milieu de l'éducation, le rapport du Groupe d'action sur la persévérance et la réussite scolaires au Québec, dirigé par le banquier Jacques Ménard, ne promet pas de solution magique. Il propose plutôt une boîte à outils pour aider les communautés à se prendre en main et accompagner les jeunes vers la diplomation. L'objectif: qu'en 2020, 80% des jeunes de 20 ans détiennent un diplôme.

Pour y arriver, il faudra toutefois remettre l'éducation au sommet des priorités.

Le décrochage scolaire ne doit plus être perçu comme le seul problème de l'école, mais comme celui de toute une société, estiment les 27 experts qui ont travaillé au contenu de ce document. Parents, écoles, employeurs, entreprises, milieux communautaires et politiques: ils sont tous interpellés.

 

Le rapport propose 10 actions ciblées pour intervenir de la petite enfance jusqu'à l'université. Il faut d'abord s'assurer que les enfants les plus défavorisés fréquentent les centres de la petite enfance, soient encadrés, stimulés, sortis de leur isolement. Il faut ensuite veiller à ce qu'il y ait un suivi entre la garderie et l'école, afin d'identifier les jeunes à risque. Les signes se manifestent assez vite. Il faut aussi veiller à inclure toute la famille dans les interventions. Une fois à l'école, c'est simple, il ne faut plus lâcher les élèves qui présentent des risques de décrocher. Une aide ciblée ainsi que du mentorat sont proposés. L'objectif est de tisser une toile bien serrée afin que le plus grand nombre possible obtienne le fameux diplôme.

Les coûts sociaux du décrochage sont accablants et comme le disent si bien les membres du groupe Ménard, le Québec n'a plus les moyens de les assumer.

Ce plan a plusieurs qualités. Il ne suggère pas créer de nouvelles structures, il mise plutôt sur les ressources en place et insiste sur l'importance d'évaluer un programme avant d'y investir des millions. Une attitude prudente, donc, qui est tout à fait de circonstance. Toutefois, il ne faudrait pas que les efforts de tous ces gens qui ont travaillé bénévolement durant sept mois restent vains. C'est au tour du monde politique de reprendre le flambeau. La ministre de l'Éducation a accueilli positivement le rapport et le premier ministre Charest, dit-on, en a pris connaissance. Est-ce que ce sera suffisant pour le concrétiser? Non. Il faut que le premier ministre en fasse une de ses priorités en tant que responsable du dossier Jeunesse au sein du conseil des ministres. C'est à lui que revient la responsabilité de pousser ce dossier s'il y croit vraiment.

Deuxième condition de réussite: l'argent. Le plan Ménard prévoit des investissements compris entre 35 et 65 millions durant les trois premières années de la mise en place des mesures, puis entre 140 et 240 millions dollars les années subséquentes. Cher? Oui et non. Les coûts du décrochage, répétons-le, sont encore plus élevés.

La condition la plus importante pour assurer la réussite de ce plan demeure toutefois la plus difficile: convaincre les Québécois de replacer l'éducation en haut de leur échelle de valeurs. C'est peut-être le plus grand défi de tous.

nathalie.collard@lapresse.ca