La nomination de Michel Labrecque, fondateur de Vélo Québec, à la tête du conseil d'administration de la Société de transport de Montréal (STM) est une excellente nouvelle. M. Labrecque est un véritable utilisateur des transports en commun, qui a réfléchi et conçu une vision précise de ce que devrait être ce service dans une ville comme Montréal. Son arrivée est prometteuse.

Le contexte dans lequel il arrive est, lui aussi, plutôt encourageant. La situation de la STM est plus enviable qu'elle ne l'était il y a cinq ans. La fréquentation est en hausse et la Ville de Montréal semble déterminée à faire de son plan de transport un dossier prioritaire.

Cela dit, il y a encore beaucoup de choses à améliorer.

Plusieurs défis attendent l'ancien président du Festival Montréal en lumière, à commencer par la satisfaction de la clientèle de la STM. Les retards, l'air revêche de plusieurs employés, les chauffeurs qui regardent les usagers geler sur le trottoir les jours de grand froid (alors qu'ils lisent leur journal bien au chaud dans leur bus dont le moteur tourne au ralenti) jouent avec les nerfs des clients. Même les purs et durs des transports en commun finissent par perdre patience. Le service à la clientèle devrait être une priorité si la Société veut convaincre davantage d'automobilistes de laisser leur confortable voiture pour les wagons bondés et surchauffés du métro de Montréal.

Le nouveau président du CA de la STM se définit comme un adepte du cocktail transport - l'expression est d'ailleurs de lui -, c'est-à-dire de l'utilisation optimale de tous les moyens de déplacement mis à notre disposition: transports en commun, vélo, marche et, quand c'est inévitable, l'auto. On s'attend donc à ce que Michel Labrecque travaille à l'arrimage entre ces différentes options. Jusqu'ici, il est toujours impossible d'accrocher son vélo à l'avant d'un autobus comme le font les cyclistes de Vancouver. Et certains coins de la ville - on pense à l'Ouest-de-l'Île, par exemple - sont encore bien mal desservis. Cet ancien militant sera-t-il capable de faire bouger les choses et de rendre la STM plus conviviale? On le souhaite.

Espérons également qu'il puisse atteindre un de ses objectifs, celui de faire entrer la STM de plain-pied dans le XXIe siècle en implantant des outils de communication destinés aux usagers. Dans plusieurs villes européennes et américaines, l'utilisateur est constamment informé, que ce soit par téléphone cellulaire ou par des panneaux informatisés installés sur les quais des stations de métro ou dans les abribus. Montréal accuse beaucoup de retard dans ce domaine.

Enfin, il faut absolument régler les problèmes de gouvernance des transports en commun dans la grande région de Montréal. La rivalité entre l'Agence métropolitaine de transport (AMT) et la STM est contre-productive pour tout le monde. En entrevue à la radio la semaine dernière, Michel Labrecque a déclaré que le plan de transport de la Ville de Montréal serait «le métronome qui permettrait aux deux instruments (AMT et STM) de s'accorder». Souhaitons qu'il ait raison.