L'incertitude économique sied bien à l'administration Tremblay. La prudence qui a toujours caractérisé sa gestion (et qui est parfois qualifiée de manque d'audace par ses adversaires) est de mise en ces temps difficiles.

On ne blâmera donc pas le maire et son équipe d'être prudents. Ils pouvaient difficilement faire autrement dans le contexte actuel.

Par contre, on peut lui reprocher d'être électoraliste. Le budget de la Ville pour 2009 répond au fond à deux impératifs: ne pas hausser les taxes pour ne pas heurter les électeurs en année électorale, et investir dans les infrastructures pour dynamiser l'économie (et montrer aux Montréalais qu'on «fait» des choses...)

Pour les taxes, ce n'est probablement que partie remise. Le maire Tremblay finira bien par utiliser ses nouveaux pouvoirs de taxation prévus dans la loi 22. Quant au gel des taxes foncières, il ne sera pas éternel... Le budget 2010, s'il est préparé par la même administration, risque d'être moins clément pour les Montréalais.

Mais la grosse déception de ce budget préparé par le nouveau responsable des finances à la Ville, Sammy Forcillo, c'est le peu de moyens accordés au plan de transport. Il y a bientôt deux ans que cet ambitieux plan a été dévoilé. Il prévoyait des investissements de 5 milliards sur deux ans. Il reste huit ans pour réaliser les belles promesses comme la ligne de tramway, le prolongement de la ligne de métro, le lien ferroviaire avec l'aéroport Pierre Elliott Trudeau, la voie réservée aux autobus sur le boulevard Pie-IX...

Jusqu'ici, seuls des éléments mineurs de ce plan ont vu le jour: le prolongement de la piste cyclable, le dévoilement du vélo libre-service BIXI et quelques panneaux lumineux indiquant le nombre de places de stationnement disponibles au centre-ville... Ce n'est pas avec ça que Montréal va régler les problèmes de congestion automobile et les wagons de métro bondés à Montréal.

L'administration Tremblay a prévu augmenter sa contribution à la Société de transport de Montréal ainsi qu'à l'Agence métropolitaine de transport, soit. Mais on attendait davantage d'une équipe qui dit vouloir faire des transports publics et du plan de transport sa priorité au cours de la prochaine année. Le budget 2009 ne prévoit qu'une réserve financière de 6 millions (à peine de quoi ajouter deux ou trois calèches dans le Vieux-Montréal) pour réaliser des études de faisabilité... encore!

En conférence de presse, le maire Gérald Tremblay a déclaré qu'il espérait toujours une participation financière de Québec et d'Ottawa pour concrétiser ses engagements. Comme si le ralentissement économique ne les touchait pas, eux aussi. Bref, ce n'est pas demain qu'on montera à bord d'un tramway à Montréal.

En fait, le maire Tremblay n'aura pas le choix, il devra se retrousser les manches et trouver lui-même, avec ses «partenaires» de la région métropolitaine, de nouvelles sources de financement s'il veut réaliser le plan de transport de son vivant. Un péage régional? De nouvelles taxes? Sans doute faudra-t-il attendre sa réélection avant qu'il ne trouve l'aplomb nécessaire pour attaquer ce dossier épineux.

nathalie.collard@lapresse.ca