En dévoilant son budget, qui prévoit encore une hausse des tarifs pour les usagers, la Société de transport de Montréal a plaidé une fois de plus en faveur d'un financement gouvernemental à long terme.

Personne ne contredira la STM. La fréquentation est à la hausse, les métros sont bondés, les bus sont usés ... Si on veut convaincre davantage d'automobilistes de laisser leur véhicule à la maison, il faut de l'argent. Le problème c'est de le trouver. La situation économique est telle que les gouvernements fédéral et provincial risquent d'être plus près de leurs sous au cours des prochaines années.

Si la Ville de Montréal ne veut pas que son plan de transport (qui prévoit l'ajout de circuits de bus, une ligne de tramway et le prolongement du métro) demeure un plan, elle n'a pas le choix que de trouver de nouvelles sources de financement.

Cette semaine, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a relancé l'idée d'un péage. Il faudra peut-être s'y résigner, en gardant à l'esprit, toutefois, que ce n'est pas une panacée.

Il y a deux semaines, lors d'un colloque sur la question, des représentants de Londres et Stockholm ont expliqué que le péage avait réduit la congestion automobile et la pollution dans leur ville. Sur le plan financier, toutefois, le péage demeure un système coûteux à gérer, du moins si on se fie à l'expérience londonienne.

À Montréal, le débat reste à faire. Quelle forme prendrait un péage ici? Faudrait-il l'instaurer seulement sur les ponts - solution injuste car cela pénalise les automobilistes du 450 sans affecter les Montréalais qui se déplacent en auto dans l'île - ou opter plutôt pour un péage régional plus équitable, qui comprendrait par exemple l'autoroute 40?

Et même si les élus de la région montréalaise s'entendaient pour instaurer un péage, la question du financement ne serait pas entièrement réglée pour autant. Il faudra tout de même trouver d'autres solutions.

Pourquoi ne pas songer à une taxe métropolitaine pour faire en sorte que tous les habitants de la grande région de Montréal contribuent au financement des transports en commun?

C'est l'idée du professeur en urbanisme de l'Université de Montréal, Paul Lewis, qui propose l'imposition d'une taxe foncière pour les transports collectifs. M. Lewis la qualifie de «taxe solidaire». Le raisonnement est le suivant : chaque individu qui quitte l'île cesse de financer le réseau des transports en commun. En choisissant de s'installer dans une des deux couronnes de Montréal, on contribue donc à fragiliser le système de transport. Or pourquoi en serait-il ainsi? Qu'on habite l'île ou pas, il serait normal qu'on continue à participer au financement des transports publics. Tous les Québécois, qu'ils soient malades ou pas, contribuent au financement de la caisse de l'assurance maladie. Pourquoi ne pas appliquer cette approche aux transports en commun?

Cette idée de taxe solidaire, qui devrait être approfondie, a le mérite d'être juste et équitable pour tous. C'est simple, tout le monde, y compris les automobilistes, bénéficient d'un réseau de transports en commun moderne et efficace. Il est donc normal que tout le monde participe à son financement.