Nous frissonnions encore d'émotion, mercredi matin, lorsque le premier ministre du Québec, Jean Charest, nous a brutalement ramenés sur le plancher des vaches en déclenchant des élections.

Cette énième campagne électorale, nous le savons déjà, ne suscitera pas le même engouement et la même ferveur que la campagne présidentielle qui prend fin aux États-Unis.

 

Mais pourquoi, au juste?

Pourquoi Barack Obama, un homme qui inspire aussi bien les hommes que les femmes, peu importe leur âge ou leur couleur, ne donnerait-il pas envie aux politiciens québécois de s'élever un peu plus haut et de regarder un peu plus loin?

Les analystes politiques décortiqueront longtemps les multiples raisons qui ont mené le sénateur de l'Illinois à la Maison-Blanche. Nul doute que le règne désastreux de Bush fils et la déroute économique des derniers mois sont au nombre des facteurs qui ont compté dans cette victoire.

Mais il y a aussi, et surtout, l'homme. Un homme qui incarne des valeurs qui font défaut depuis si longtemps. Des valeurs d'engagement, de persévérance et d'espoir. En écoutant parler Barack Obama, qui n'a pas envie d'agir, de donner le meilleur de soi?

Pourquoi les hommes et les femmes qui se lancent en campagne ces jours-ci ne miseraient-ils pas sur un tel élan? Pourquoi ne reprendraient-ils pas le flambeau?

Évidemment, il n'y a pas d'Obama au Québec et pas même quelqu'un qui s'en approche. Le dernier leader charismatique qui a inspiré une génération s'appelait René Lévesque et personne, depuis, n'a su toucher les Québécois de cette façon.

Peut-on toutefois imaginer que les Dumont, Marois et Charest, inspirés par la stature du prochain président des États-Unis, aient envie de parler d'idées, de projets et de valeurs aux Québécois?

La classe politique ne peut combler toutes les attentes, on le sait. Nous devons, nous aussi, nous sentir interpellés. La victoire d'Obama a eu lieu aux États-Unis, mais elle touche le monde entier. Saurons-nous, au Québec, nous en inspirer? Nous qui sommes appelés à aller voter dans un peu plus d'un mois, allons-nous cesser d'attendre un sauveur et choisir de nous impliquer? Pas seulement en politique (en allant voter, premièrement) mais dans tous les aspects de la société québécoise. La génération d'Obama, ceux qui aujourd'hui sont âgés dans la trentaine et surtout, dans la quarantaine, a grandi dans un climat de cynisme et de défaitisme on ne peut plus malsain. Ce cynisme nous tue, il tue nos rêves, il tue l'élan qui est présent en chacun de nous, cet élan qui pourrait faire une différence s'il n'était pas si souvent stoppé par le regard et le jugement des autres.

Avec le temps, le cynisme, l'ironie et le désabusement ont souillé tout ce qu'ils ont touché: l'amour, la famille, la spiritualité, l'éducation, l'engagement...

Nous voici à un moment de l'histoire où nous pouvons renverser la vapeur et faire en sorte que la vie, notre vie, ait plus de sens, un début de direction. L'élection de Barack Obama nous offre cette opportunité. Saurons-nous la prendre, nous aussi? Le pouvons-nous?

nathalie.collard@lapresse.ca