Le nouveau ministre conservateur responsable de la région montréalaise, Christian Paradis, est député de la circonscription de Mégantic-L'Érable. Il vit à Thetford Mines, une ville de 26 000 habitants, et n'a jamais habité Montréal.

Et puis après?

Exige-t-on d'un ministre de l'Éducation d'avoir enseigné ou d'un ministre de l'Agriculture de savoir planter des choux?

Dans ce genre de poste, l'important, c'est la qualité de la communication avec les élus en place. Bien sûr qu'un ministre qui a déjà été étudiant à l'UQAM ou qui a grandi à Repentigny aurait eu une longueur d'avance. Il aurait sans doute connu plus intimement les problèmes et les enjeux de la métropole.

 

Mais il faut rappeler une chose: le ministre fédéral responsable de la métropole n'est pas le maire, ce n'est pas à lui de «gérer» Montréal. Ce qu'on attend de lui, c'est qu'il échange régulièrement avec les élus régionaux et les leaders de la société civile. En d'autres mots, on veut un ministre qui ne fera pas le trajet Thetford Mines-Ottawa en avion mais bien un ministre qui s'arrêtera régulièrement à Montréal et qui aura un bureau en ville.

Pour ça, il faut que M. Paradis, qui est également responsable de l'imposant portefeuille des Travaux publics, ait du temps. Et c'est là que le bât blesse. Car ce jeune avocat de 34 ans, père de trois enfants, est aussi le nouveau lieutenant québécois du Parti conservateur. Ce qui signifie que sa priorité au cours des prochains mois et des prochaines années sera d'assurer la réélection de son parti au Québec. Il a du pain sur la planche. Pour y arriver, il devra être souvent sur le terrain, de Gatineau à Gaspé en passant par Québec et Chicoutimi.

Paradoxalement, le fait qu'il n'y ait aucun élu conservateur dans l'île de Montréal le forcera à accorder plus d'attention à la région montréalaise si son parti veut gagner des sièges aux prochaines élections. C'est sur cet atout qu'il faut jouer.

La balle est donc dans le camp des maires Tremblay, Vaillancourt et Gladu, qui ont tous dans leurs cartons des projets d'envergure pour la région: à commencer par le sort du Grand Prix, le dossier des transports en commun, l'échangeur Turcot, un projet de fiscalité plus équitable pour les villes, la navette entre l'aéroport Trudeau et le centre-ville, le train léger sur rail entre la Rive-Sud et Montréal, le prolongement du métro de Laval... La liste est longue et ce sont tous des projets importants.

On dit de Christian Paradis qu'il est ambitieux et qu'il maîtrise bien ses dossiers. Même ses adversaires politiques ont de bonnes choses à dire à son sujet. C'est un atout. L'autre bonne nouvelle, c'est que M. Paradis siégera au comité du cabinet chargé des priorités et de la planification, ce qui signifie qu'il aura l'écoute du premier ministre et qu'il sera au coeur de la prise de décisions. Aux élus montréalais de faire passer leurs messages!

nathalie.collard@lapresse.ca