Jeudi soir, les républicains n'auront plus le choix: ils devront se résigner à laisser parler Sarah Palin.

Depuis l'annonce de sa candidature à la vice-présidence aux côtés de John McCain, Mme Palin n'a accordé que deux entrevues, à ABC et CBS. Elle n'a tenu aucune conférence de presse et a refusé de prononcer un seul mot devant les caméras lors de ses rencontres avec des chefs d'État à l'ONU, la semaine dernière.

Quand on sait à quel point la présence des candidats dans les médias est importante durant une campagne présidentielle, on devine à quel point les républicains ont peur des ravages que l'ignorance de leur candidate vedette pourrait causer. Et pourtant, c'est grâce à son authenticité si la popularité de Mme Palin a grandi au cours des dernières semaines.

 

La vérité, c'est que, depuis la convention républicaine, Sarah Palin est passée de l'état de femme alibi à celui de femme potiche. «Sois belle et tais-toi», lui ordonne son parti, nous ramenant ainsi quelques décennies en arrière.

Cette gifle supplémentaire au visage de l'électorat féminin devrait achever de convaincre les quelques cheerleaders qui s'obstinent encore à voir le choix de Sarah Palin comme une bonne nouvelle pour les femmes. Le traitement que lui réserve son propre parti ne laisse plus aucun doute sur les motivations qui ont poussé l'équipe républicaine à choisir cette candidate sans expérience. Un choix basé sur le mépris, et non sur le respect des femmes.

Excédée, l'animatrice de CNN, Campbell Brown, est sortie de sa réserve habituelle, la semaine dernière, pour fustiger l'équipe de John McCain. En direct et en heure de grande écoute, Mme Brown a invité les stratèges de McCain à «libérer» Sarah Palin, leur enjoignant de cesser ce traitement on ne peut plus sexiste à l'endroit de la gouverneure. «Laissez-la mener une campagne au même titre que les hommes, une campagne à part entière!, a-t-elle demandé. J'en ai assez, et je suis certaine qu'il y a beaucoup de femmes américaines qui seront d'accord avec moi!»

Des Canadiennes aussi.

nathalie.collard@lapresse.ca