Avec la fin des Jeux olympiques de Pékin et le retour des athlètes au pays, LA question refait surface: pourquoi le Canada ne finance-t-il pas davantage le sport d'élite? Pourquoi l'Australie, plus petit que le Canada, investit-il davantage?

Et si nos gouvernements se déculpabilisaient de ne pas investir davantage dans le sport en invoquant le peu d'intérêt que lui portent les Canadiens? Après tout, pour qu'une société reconnaisse l'importance d'accorder une aide financière substantielle à ses athlètes, il faudrait que le sport soit pour elle une priorité, une valeur intrinsèque.Or, pour l'instant, ce n'est pas le cas.

Au contrai-re, les gens sont plus sédentaires que jamais. Et l'avenir ne s'annonce guère mieux. On assiste à une diminution significative de la pratique du sport chez les jeunes. Ils passent des heures devant la télévision et les jeux vidéo et sont moins en forme que les générations précédentes. Ils pratiquent moins de sports d'équipe, sont plus gros et en moins bonne santé. Le portrait est désolant.

Il est toutefois possible de renverser la vapeur. C'est à l'école, dès un très jeune âge, que nous pouvons influencer les attitudes et inculquer un mode de vie sain. Depuis des années, des spécialistes de la santé publique et des enseignants d'éducation physique répètent à quel point il est important d'augmenter le temps alloué à l'exercice physique à l'école.

On ne compte plus les études qui démontrent que des enfants qui pratiquent un sport ou font de l'exercice ont plus de chances de persévérer à l'âge adulte.

Sans compter les bienfaits de l'exercice sur la santé. Combien de fois va-t-on répéter qu'un individu qui est actif tous les jours a moins de chance de développer une maladie chronique, un cancer ou une dépression?

L'école est LE lieu par excellence pour apprendre aux jeunes l'importance du sport. Parce que les enfants y passent la majorité de leur temps. Parce que les parents de milieux défavorisés font moins d'exercice (ils ont donc moins de chance d'être un modèle pour leur enfant) et n'ont pas les moyens d'inscrire leur progéniture à des cours de natation ou de hockey. Parce que tous les parents ne pratiquent pas un sport et que c'est le rôle des milieux éducatifs d'éduquer les enfants à la santé.

Le rôle de l'école est donc crucial. Malheureusement, nos écoles sont pour la plupart mal équipées. Elles offrent en moyenne une ou deux périodes de «gym» par semaine, pas plus.

Or il faudrait non pas doubler, mais quintupler ce régime. Les enfants devraient avoir une période d'éducation physique tous les jours. Rares sont les écoles qui offrent une telle opportunité à leurs élèves. Encore une fois, ce ne sont pas les preuves scientifiques qui manquent pour démontrer à quel point l'exercice au quotidien est bénéfique. Non seulement pour la santé, mais pour la concentration, une disposition essentielle lorsqu'on doit apprendre.

Le français et les maths seraient beaucoup mieux assimilés par les élèves si ces derniers pouvaient se dépenser et s'oxygéner le cerveau tous les jours. Quand on sait que, dès l'âge de 13 ans, les adolescents deviennent pratiquement aussi sédentaires qu'une roche (il ne s'agit pas d'un préjugé, mais bien d'une donnée scientifique) on se demande ce qu'attendent les écoles secondaires pour prendre le virage sport.

On invoquera le manque de ressources financières et humaines, mais là n'est pas le véritable problème. C'est un changement complet d'attitude qui est requis. Ensuite, lorsque le sport sera devenu une valeur solidement ancrée dans la société, il sera plus naturel de presser nos gouvernements d'aider financièrement ceux qui visent l'excellence.